Le procédé est extrême, reconnaissent les grévistes de la faim. Mais il est désormais leur dernière cartouche pour se faire entendre.
Mercredi 23 mai 2018, après un peu plus de 24 heures sans manger, les agents de l'hôpital de Rouvray à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), ont déjà les traits tirés et le teint pâle. "On a tout fait dans l'ordre, explique Jean-Yves Herment, secrétaire de la CFDT du Rouvray. On a rencontré notre direction, le directeur de cabinet de la ministre de la Santé Agnès Buzyn lors de la venue de Macron à Rouen, la directrice de l'ARS que nous avons même occupé… Rien n'a bougé. Soit on remballe, soit on a notre honneur et on est sûr de notre combat et on passe à l'étape supérieure. Soit la violence, ce n'est pas dans notre mentalité, soit la grève de la faim."
Ils se sont donc installés devant l'administration de l'hôpital, dans laquelle ils passent la nuit, dans l'attente de faire entendre leurs revendications.
Et elles n'ont pas changé. Les grévistes dénoncent un criant manque de moyen, une suroccupation permanente avec jusqu'à 35 lits supplémentaires dans les services. "Le plus insoutenable, c'est d'accueillir des patients sur des lits de camp dans des bureaux, avec même pas assez de draps, explique Marc-Aurélien Ducourtil, aide-soignant et lui-même gréviste de la faim. La psychiatrie est le parent pauvre de l'hôpital parce que cela ne peut pas rapporter d'argent. Le tabou dans de la société autour de cette problématique fait que l'on ferme les yeux".
"La psychiatrie est le parent pauvre de l'hôpital"
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Déclencher un électrochoc
Par cette action, les quatre militants entendent bien déclencher un électrochoc et montrer que leur engagement est au bénéfice des patients. "Si on se posait la question de savoir s'il s'agissait d'un caprice, désormais tout le monde a la réponse. On fait cela par conviction et l'on sait qu'on est légitime dans ce combat. On ira jusqu'au bout, insiste Anne Aubrun, infirmière dans le centre. On espère vraiment que l'on obtiendra quelque chose, sinon qu'est-ce qu'il faut faire ? On ne veut pas d'augmentation de salaire. Seulement de quoi améliorer les conditions d'hospitalisation des patients."
Et ils prennent tous les risques dans ce but : "la perte de poids, la perte de masse musculaire, mais aussi sur le long terme des séquelles neurologiques, explique le professeur Bertrand Dureuil, directeur du SAMU-SMUR de Rouen (Seine-Maritime), venu ausculter ses collègues. Il faut vraiment sortir de ce conflit au plus vite."
Pour l'heure, la direction du centre hospitalier du Rouvray n'a pas souhaité s'exprimer. Une rencontre avec les grévistes était prévue à 17 heures, mercredi 23 mai 2018.
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