C'est dans une petite rue discrète de la rive gauche, à Rouen (Seine-Maritime), que se situe la résidence du Hameau des brouettes. Propriétés de la Ville de Rouen, les locaux, qui hébergeaient des personnes âgées, sont laissés à l'abandon depuis deux ans.
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Depuis samedi 19 mai 2018, les lieux accueillent de nouveaux des occupants à l'initiative de plusieurs associations et collectifs mobilisés pour défendre les réfugiés et les sans-abri. En réalité, la résidence a été rouverte le vendredi 4 mai 2018, en toute discrétion, permettant de dépasser le délai des 48 heures. Ce délai oblige à rendre une décision de justice pour entraîner une expulsion.
Discussion avec la Ville
Mais, les lieux pourraient ne pas être évacués tout de suite. "Nous sommes entrés en contact avec la Ville de Rouen dès ce week-end en rencontrant des élus et le secrétaire général", explique Florence Capron, membre du Réseau de solidarité avec les migrants, qui a participé à l'émergence de ce lieu. Sans vouloir trop s'avancer, Florence Capron sent un dialogue possible avec la municipalité : "Une délégation va à nouveau rencontrer des élus mercredi".
Florence Capron
D'ailleurs, les associations se défendent d'avoir ciblé la ville dans cette occupation. "Nous connaissions les lieux, mais nous ne savions pas à qui ils appartenaient", précise-t-elle. Surtout, la municipalité n'intervient pas dans la politique d'hébergement des mineurs isolés (à la charge du Département) ou des réfugiés et des sans-abri (à la charge de l'État).
Mais les occupants espèrent que ce lieu reste ouvert le plus longtemps possible : "Il y a des gens qui pourraient rester de manière pérenne, d'autres moins car nous sommes déjà très nombreux, affirme Florence Capron, il y a besoin d'un lieu comme celui-là où les gens peuvent être mis à l'abri".
Plus de 160 occupants
Trois jours après avoir investi les lieux, il y a désormais 162 occupants d'après le dernier décompte. "Nous n'irons pas plus loin, pour des raisons de sécurité", admet Florence Capron, qui est encore surprise de l'engouement pour ce lieu, "nous ne nous attendions pas à avoir autant de monde si rapidement".
Des lits et quelques meubles sont présents dans les chambres. - Amaury Tremblay
À l'intérieur, les locaux sont en bon état et n'ont pas été dégradés depuis leur fermeture. L'électricité a été remise en service au rez-de-chaussée et le sera progressivement dans les étages, comme l'eau. Une cuisine est disponible, une salle de jeux pour les enfants et une grande cour "où un potager va voir le jour", ajoute Florence Capron, alors qu'un plant de figuier, attend dans un pot, pour prendre racine.
"Nous accueillons tout le monde ici"
Les occupants disposent de chambre avec des matelas, des toilettes et des douches individuels, là aussi en bon état. Un étage a été réservé aux mineurs isolés, tandis que les chambres les plus grandes sont réservées aux familles. "Nous accueillons tout le monde ici : des réfugiés, des déboutés de leur demande d'asile, des Français sans logement", poursuit Florence Capron.
La résidence est inoccupée depuis plus de deux ans. - Amaury Tremblay
Les associations ont également été à la rencontre des voisins et des parents d'élèves de l'école située non loin pour leur expliquer la démarche. "Si tout se passe bien d'ici là, nous pourrions organiser une grande kermesse dans 15 jours", conclut Florence Capron.
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