Tarik Jadaoun, Belge d'origine marocaine né en 1988, avait rejoint l'EI sous le nom de guerre d'Abou Hamza al-Belgiki. Il avait appelé dans des vidéos à frapper l'Europe et avait été surnommé le "nouvel Abaaoud", en référence à son compatriote Abdelhamid Abaaoud, l'un des organisateurs présumés des attentats du 13 novembre 2015 en France.
Il a désormais 30 jours pour faire appel et, passé ce délai, la peine de mort pourra être appliquée.
Sa condamnation vient s'ajouter à celle de plus de 300 personnes -dont une centaine d'étrangers- ayant écopé de la peine capitale en Irak pour avoir rejoint les rangs du groupe ultra-radical qui a un temps tenu près d'un tiers de l'Irak et de larges pans de la Syrie.
Un nombre comparable a été condamné à la prison à perpétuité, selon des sources judiciaires.
La plupart de ces condamnés sont toutefois Turques ou originaires des anciennes républiques d'Union soviétique. Une Allemande et une Française ont été récemment condamnées à la perpétuité.
Des centaines d'Irakiens comparaissent également quasi-quotidiennement, et les verdicts sont divers, allant de l'acquittement à la perpétuité, en passant par la peine de mort ou plusieurs années de prison.
Moins de dix minutes
Lors de l'ouverture de son procès, le 10 mai, Tarik Jadaoun avait plaidé "non coupable" et affirmé aux juges qu'il s'était "fourvoyé".
Une nouvelle audience avait été fixée au 22 mai, la justice irakienne faisant valoir l'absence de représentant diplomatique auprès de l'accusé.
Mardi matin, le jeune homme a été amené dans le box de bois grillagé des accusés vêtu de l'uniforme beige des détenus, le crâne rasé et une imposante moustache noire lui barrant le visage, a constaté un journaliste de l'AFP. Cette fois, il ne s'est pas défendu.
Le juge lui a d'abord lu la liste des chefs d'accusation, notamment son rôle de combattant au sein de l'EI et son entrée illégale sur le territoire irakien, avant de lui demander s'il souhaitait ajouter quelque chose. "Non", a seulement rétorqué M. Jadaoun.
Le juge a alors indiqué qu'il prononçait "la pendaison jusqu'à ce que mort s'ensuive conformément à l'article 4 de la loi antiterroriste".
L'Irak, quatrième pays au monde en terme d'exécutions selon Amnesty International, a déjà exécuté des ressortissants étrangers ou binationaux pour des actes commis au sein d'organisations extrémistes comme Al-Qaïda. Mais, à ce jour, aucun ressortissant d'un pays occidental condamné à mort pour appartenance à l'EI n'a été exécuté.
Pour l'accusation de violation des frontières du pays, Tarik Jadaoun a été condamné à trois années de prison et plus de 2.000 euros d'amende.
A l'énoncé du verdict, M. Jadaoun a immédiatement perdu son sourire et a semblé se décomposer, les gardiens lui couvrant le visage et l'emmenant vers un véhicule des forces irakiennes pour le ramener en prison.
En tout, l'audience a duré moins de dix minutes, selon le journaliste de l'AFP.
Lors de l'ouverture du procès, M. Jadaoun s'était vu attribuer un avocat commis d'office.
"Désolé"
S'exprimant en arabe, il avait toutefois assuré lui-même sa défense et plaidé non coupable des chefs d'inculpation: "appartenance à l'organisation Daech", l'acronyme de l'EI en arabe, et "attaques" menées avant son arrestation le 23 août 2017 à Mossoul (nord) par les troupes irakiennes, soit plus d'un mois après la reprise de la "capitale" irakienne du groupe ultraradical.
Il avait reconnu être entré en Irak en juin 2015 depuis la Turquie et avoir passé une semaine à Raqa, l'autre "capitale" de l'EI, en Syrie voisine.
"Je n'étais pas combattant, je dirigeais une section d'infirmiers de l'EI, je soignais tout le monde. J'ai travaillé à l'hôpital al-Joumhouriya de Mossoul et dans des hôpitaux ambulants à Makhoul et Beïji", avait-il assuré, se disant "désolé".
"Je me suis fourvoyé et j'en appelle à votre bienveillance", avait-il ajouté. "Je n'avais pas le choix", avait-il encore dit, notamment au sujet des vidéos de menaces. "Un des plus hauts dirigeants de l'EI m'a demandé de faire ces vidéos".
Il y a plusieurs mois, la justice irakienne avait annoncé que le prévenu avait reconnu lors de ses interrogatoires avoir formé "les +lionceaux du califat+, une soixantaine d'enfants de huit à 13 ans, à l'entraînement sportif et au maniement des armes".
Ces faits n'ont toutefois jamais été évoqués lors des deux audiences.
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