Avec son discours le chef de l'Etat veut "donner une vision, du sens", mais pas présenter "un catalogue de mesures" pour ces quartiers qui concentrent les difficultés économiques et sociales, assure-t-on à l'Elysée, en soulignant que "l'enjeu n'est pas tant budgétaire que de mobilisation et d'efficacité".
Parmi les annonces attendues, l'une, "emblématique de la philosophie", vise à aider les jeunes des quartiers à trouver des stages de 3e, qui sont difficiles à décrocher sans réseaux professionnels : Etat et entreprises s'engageront à proposer 30.000 offres au total.
Mais il n'y aura pas "un avant et un après rapport Borloo" ni "un avant et un après 22 mai", avertit-on à l'Elysée. En clair : ne pas s'attendre à un énième "plan banlieue" à coups de milliards comme la France en a produit depuis la naissance de la politique de la ville il y a quarante ans, mais une proposition dans la continuité de la politique gouvernementale.
Une mise au point qui fait redouter à certains un enterrement du "rapport Borloo", remis en avril dans une ambiance euphorique parmi les élus de banlieue, très mobilisés autour de sa rédaction.
"Ne pas prendre en compte ce projet après l'avoir commandé serait un camouflet à l'égard de tous les acteurs impliqués, à commencer par les maires", a estimé l'ex-patron de l'UMP et maire LR de Meaux Jean-François Copé.
Ce serait "alimenter la résignation, la crise démocratique, les dérives communautaires à l'œuvre", a pour sa part averti Laurent Russier, maire communiste de Saint-Denis.
Intitulé "Vivre ensemble - vivre en grand la République", ce rapport appelle à une "réconciliation nationale" avec notamment une relance de la rénovation urbaine, à l'arrêt dans de nombreux quartiers -- même si le financement promis par l'exécutif a été doublé à 10 milliard d'euros.
"Sécurité et radicalisation"
"Ce n'est pas juste une question de rénovation urbaine", nuance-t-on à l'Elysée, en glissant que "Jean-Louis Borloo est très identifié à cette politique là, très années 90".
Disant avoir le "sentiment que l'Etat se méfie d'eux", vingt-trois maires engagés dans la rénovation urbaine ont écrit lundi au président pour demander à l'Etat de leur faire "de nouveau confiance".
Mais "il ne faut jamais oublier un thème peu abordé ces dernières semaines, c'est tout ce qui touche à la sécurité" et "la lutte contre la radicalisation", martèle-t-on à l'Elysée.
Soulignant que "le gouvernement n'a pas attendu le rapport Borloo pour agir", la présidence rappelle notamment le dédoublement des classes de CP, le lancement des emplois francs et la police de sécurité du quotidien.
Autant de mesures de droit commun, à l'opposé des programmes ciblés qui feraient des quartiers des territoires à part. Il faut "faire le choix de l'universalité", a souligné le député LREM Aurélien Taché dans une tribune au Monde cette semaine.
Pour l'Elysée, l'enjeu est aussi "de réussir à mobiliser les habitants", en favorisant "l'émergence de projets locaux".
Lutte contre la discrimination à l'embauche, mobilisation pour l'apprentissage... Quelles que soient les pistes retenues, Emmanuel Macron est attendu au tournant par les cinq millions d'habitants des quelque 1.300 quartiers prioritaires en métropole, pour lesquels il avait appelé à la "mobilisation nationale" en novembre.
Emmanuel Macron, qui "ne veut pas des échanges uniquement avec les acteurs traditionnels" de la politique de la Ville, entendra mardi des témoignages d'habitants.
Il réunira également pour la première fois le Conseil présidentiel des Villes, qui compte 25 acteurs "engagés pour les quartiers", de l'humoriste Yassine Bellatar à l'entrepreneur Saïd Hammouche, en passant par des lycéens et un proviseur de lycée.
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