Entre 130 et 140 manifestations sont prévues partout en France, à l'appel unitaire des syndicats de la fonction publique, qui n'avaient pas lancé un tel appel unitaire depuis une dizaine d'années.
Les trois versants de la fonction publique - État, territoriale et hospitalière - sont appelés à faire grève. Des perturbations sont notamment à prévoir dans les écoles, les services à la petite enfance, l'énergie et le trafic aérien.
La Direction générale de l'aviation civile a ainsi recommandé aux compagnies aériennes de réduire de 20% leur programme de vols à l'aéroport d'Orly (région parisienne), Lyon (est) et Marseille (sud-est).
Les personnels des hôpitaux et des services sociaux seront sans doute encore nombreux dans les défilés pour réclamer de meilleures conditions de travail et des effectifs plus importants. Mais la "continuité des soins" sera assurée du fait de la possibilité d'assigner les grévistes.
Les organisations syndicales dénoncent les orientations du gouvernement, qui constituent selon elles une "attaque" du statut de fonctionnaire: simplification du dialogue social, extension du recours aux contractuels, part accrue de rémunération au mérite et accompagnement des mobilités de carrière, y compris vers le secteur privé.
Ces projets, qui doivent déboucher sur un projet de loi au 1er semestre 2019, ont continué d'attiser la tension qui règne depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron.
Lundi, le secrétaire d'Etat français à la Fonction publique, Olivier Dussopt, a assuré que le gouvernement ne remettra pas en cause le statut des fonctionnaires. "Il y aura des ajustements, une modernisation mais pas de remise en cause", a-t-il déclaré dans le journal Libération.
Unité syndicale
Le gouvernement français fait déjà face depuis début avril à une mobilisation contre une réforme du rail, avec une grève marathon des cheminots, qui pourront se joindre localement aux rassemblements de mardi. Dans l'immédiat, seul le syndicat SUD Rail a formellement annoncé sa participation.
A Paris, le cortège des manifestants partira à 14H00 locales (12h00 GMT) de la place de la République pour rejoindre la place de la Nation.
Les leaders de la CGT - premier syndicat de France-, des syndicats Force Ouvrière (FO) et CFDT y défileront ensemble pour la première fois depuis 2010, lors de la contestation contre la réforme des retraites.
"Grâce à la fonction publique, toutes les organisations syndicales de ce pays seront ensemble", s'est félicité Bernadette Groison, du syndicat FSU. "Ca signifie qu'effectivement les enjeux sont très lourds".
Déjà réunies pour une première journée de mobilisation le 10 octobre, les fédérations syndicales CGT, CFDT, FO, Unsa, FSU, Solidaires, CFTC, CFE-CGC et FA de la fonction publique, représentant les 5,7 millions d'agents publics, n'avaient pas lancé d'appel unitaire depuis une dizaine d'années.
Une unanimité d'autant plus remarquable que des élections professionnelles auront lieu en décembre prochain.
Le 22 mars, la CFDT et l'Unsa ne s'étaient pas jointes à la mobilisation, qui avait rassemblé plus de 300.000 personnes dans les rues, pour laisser une chance à la concertation qui venait d'être annoncée par le Premier ministre.
Mais à l'ouverture officielle de celle-ci fin mars, toutes les organisations ont dénoncé les orientations du gouvernement, qui constituent selon elles une "attaque" du statut de fonctionnaire.
L'exécutif français a successivement confirmé la suppression de 120.000 postes de fonctionnaires d'ici 2022 et annoncé la ré-instauration du jour de carence, le gel du point d'indice servant au calcul de leur rémunération, ainsi que le report d'un an du plan de revalorisation des carrières (PPCR).
Pour tenter de sensibiliser le public à leur cause, les syndicats ont diffusé une "lettre aux usagers" des services publics. "Il ne s'agit pas (...) d'une mobilisation sectorielle et catégorielle de +privilégiés+", écrivent les syndicats, mais de "défendre les services publics et les valeurs qu'ils incarnent: laïcité, égalité, gratuité, indépendance, solidarité".
Près d'un Français sur deux (49 %) ne soutient pas cette nouvelle journée de mobilisation des fonctionnaires, selon un sondage réalisé par ViaVoice pour Le Figaro, BFM Business et HEC Paris et publié mardi. En revanche, 40 % des sondés la soutiennent.
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