Depuis des mois, le camp républicain tente d'affaiblir le magistrat indépendant en dénonçant une politisation des enquêteurs. Il demande aussi la fin rapide des investigations, craignant qu'elles puissent avoir une influence sur les élections parlementaires de novembre.
Donald Trump fustige inlassablement l'enquête sur une éventuelle collusion entre son équipe de campagne et des agents russes comme une "chasse aux sorcières". Il est déterminé à prouver que des personnes au sein du pouvoir judiciaire, liés à l'opposition démocrate, veulent miner sa présidence.
Pour le président, il s'agit de convaincre les électeurs que les démocrates, qui ne peuvent supporter d'avoir perdu l'élection, ont pour seul objectif d'engager une procédure de destitution contre lui, alors qu'une majorité des Américains y est opposée.
"C'était un assassinat politique, pas une enquête du renseignement", a écrit lundi M. Trump sur Twitter en reprenant les accusations d'un commentateur de Fox News, Dan Bongino.
Ce dernier accusait directement John Brennan, patron de la CIA sous l'administration Obama et fervent opposant à M. Trump, d'être à l'origine de l'enquête russe ouverte à l'été 2016 par les services de contre-espionnage du FBI.
La semaine dernière, la presse a révélé qu'un informateur de la CIA basé en Grande-Bretagne avait rencontré des membres de l'équipe du candidat Trump. L'informateur travaillait dans le cadre de cette enquête.
Dimanche, M. Trump a demandé l'ouverture d'une enquête par le ministère de la Justice sur cette affaire, dénonçant une surveillance de sa campagne "pour des raisons politiques".
"Changer la donne"
"Si quelqu'un a infiltré ou surveillé des participants à une campagne électorale pour de mauvais objectifs, nous devons le savoir et répondre de la bonne façon", a répondu dans un communiqué le ministre-adjoint de la Justice, Rod Rosenstein.
Cette contre-enquête, qui sera menée par l'inspecteur général du ministère, devra notamment "déterminer s'il y a eu des irrégularités ou une motivation politique dans l'enquête (des services du renseignement) du FBI sur les personnes suspectées de s'être impliquées avec des agents russes qui ont interféré dans l'élection", a précisé dans un communiqué séparé la porte-parole du ministère, Sarah Isgur Flores.
M. Trump devait rencontrer lundi après-midi M. Rosenstein, ainsi que le directeur du renseignement national Dan Coats et le directeur du FBI, Christopher Wray, selon la Maison Blanche.
Un an après son ouverture, le 17 mai 2017, l'enquête du procureur spécial touche le premier cercle du milliardaire. De nombreux proches et collaborateurs ont été interrogés, et quatre d'entre eux ont été inculpés pour des délits financiers ou autres, qui ne sont pas directement liés à une éventuelle collusion. Jusqu'ici, aucune preuve concrète d'une collaboration entre l'équipe de M. Trump et le gouvernement russe n'a été démontrée.
Pour forcer le destin, M. Giuliani a affirmé dimanche que le procureur Mueller souhaitait conclure son enquête d'ici au 1er septembre, afin de ne pas interférer avec le scrutin de mi-mandat. Mais ce délai est subordonné à la condition que le procureur spécial interroge le président à la mi-juillet.
M. Trump s'est dit prêt à répondre aux questions des enquêteurs mais aucune date n'a encore été décidée.
Selon Julian Zelizer, professeur d'histoire à l'université de Princeton, la stratégie de M. Trump de politisation de l'enquête de Robert Mueller pourrait marcher.
"Le FBI et le ministère de la Justice sont réticents à répondre publiquement d'une façon qui pourrait apparaître comme politique", a-t-il expliqué sur CNN.
"Jusqu'ici, le seul élément susceptible de changer la donne pourrait être le rapport final de M. Mueller (mais) le temps que Mueller termine, Trump pourrait avoir réussi à retourner l'opinion contre les enquêteurs", dit-il.
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