Lors d'un scrutin critiqué par la communauté internationale et boycotté par l'opposition qui dénonçait une "supercherie", M. Maduro, 55 ans, a obtenu 68% des voix contre 21,2% à son principal adversaire Henri Falcon, 56 ans. Ce dernier a dénoncé un scrutin sans "légitimité" et réclamé une nouvelle élection avant la fin de l'année.
L'abstention de 52% est la plus élevée depuis les débuts de la démocratie dans le pays en 1958. A la dernière élection présidentielle en 2013, où Maduro s'était mesuré à l'opposition réunie autour d'Henrique Capriles, le taux de participation avait été de 79,69%.
M. Falcon a accusé le gouvernement d'avoir fait pression sur les électeurs, notamment avec les "points rouges", des tentes installées par le PSUV (au pouvoir) où les électeurs venaient s'inscrire après avoir voté dimanche dans l'espoir de recevoir une prime promise par le président. L'horaire tardif de fermeture des bureaux de vote a également été dénoncé.
L'autre adversaire de M. Maduro, le pasteur évangélique Javier Bertucci, 48 ans, crédité de 11% des suffrages, a également dénoncé l'élection et appelé à un nouveau vote.
'On a encore gagné!'
M. Maduro s'est réjoui, lui, d'un "record historique" dimanche assurant à ses sympathisants: "jamais auparavant un candidat présidentiel n'avait gagné avec 68% des voix du peuple, et jamais auparavant il n'avait 47 points d'avance sur le second candidat".
"On a encore gagné ! Nous avons encore triomphé ! Nous sommes la force de l'histoire transformée en une victoire populaire permanente", a ajouté le président qui doit débuter son nouveau mandat de six ans en janvier 2019 et a promis de travailler au redressement de l'économie.
Après les résultats, des concerts de casseroles résonnaient dans les quartiers de Caracas bastions de l'opposition.
Les résultats annoncés ont été rejetés par le Chili, tout comme le Panama et le Costa Rica.
Le scrutin n'a pas respecté "les normes démocratiques minimales", a estimé le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy. Madrid va étudier avec l'UE des "mesures opportunes" et "continuer de "travailler pour soulager les souffrances des Vénézuéliens".
Les Etats-Unis, le Canada, l'Union européenne et le groupe de Lima, une alliance de 14 pays d'Amérique et des Caraïbes, avaient dénoncé par avance ce scrutin.
"Les élections truquées ne changent rien. Il faut que le peuple vénézuélien gouverne ce pays... une nation qui a tant à offrir au monde", avait auparavant tweeté le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo.
La quasi totalité des responsables gouvernementaux sont visés par des sanctions de l'UE ou de Washington qui vient d'ajouter vendredi le numéro deux du pouvoir vénézuélien Diosdado Cabello à sa liste de 70 responsables ciblés y compris M. Maduro.
Les Etats-Unis, qui achètent un tiers du brut vénézuélien, ont menacé d'un embargo pétrolier et interdisent à leurs citoyens toute transaction sur la dette vénézuélienne. En novembre 2017, le Venezuela et sa compagnie pétrolière nationale PDVSA ont été déclarés en défaut partiel par plusieurs agences de notation.
Crise aigüe
Touché par l'effondrement des cours du brut depuis 2014, le Venezuela, qui tire 96% de ses revenus du pétrole, souffre d'un manque de devises qui l'a plongé dans une crise aiguë. En cinq ans le PIB a fondu de 45% selon le FMI, qui anticipe une contraction de 15% en 2018 et une inflation de 13.800%. La production de pétrole est au plus bas depuis 30 ans.
Les Vénézuéliens souffrent de pénuries de nourriture, de médicaments ou d'électricité conjuguées à la hausse de l'insécurité. Un salaire minimum mensuel permet à peine d'acheter un kilo de lait en poudre. Des centaines de milliers de personnes ont préféré quitter le pays.
M. Maduro, qui s'appuie sur la Chine et la Russie, soutient que cette situation est la conséquence d'une "guerre économique" livrée par la droite et les Etats-Unis pour le renverser.
Ses opposants de leur côté l'accusent de saper la démocratie. Quatre mois de manifestations quasi quotidiennes de l'opposition qui ont fait 125 morts à la mi-2017 ont été balayés avec la mise en place d'une assemblée constituante, toute puissante arme politique au service du camp au pouvoir.
"Un nouveau gouvernement, considéré comme illégitime, n'aura pas de capacité de manoeuvre qu'il s'agisse de financements internationaux ou de diplomatie", avertit Andrés Cañizalez, un spécialiste en communication politique.
Pour l'analyste politique Luis Vicente Leon, "les scénarios sont connus: tensions politiques, radicalisation des différentes parties, répression, désaveu international massif, aggravation des sanctions et de la crise économique".
En proclamant sa victoire, M. Maduro a lancé un "dialogue national" mais la coalition d'opposition (MUD) a prévenu qu'elle mettrait la pression pour de nouvelles élections cette année. Reste qu'elle demeure profondément divisée.
M. Falcon, un dissident du chavisme --la doctrine politique créée par Hugo Chavez, prédécesseur de Nicolas Maduro de 1999 à 2013-- avait quitté la MUD pour se présenter.
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