Drapeaux flanqués du N.5 de Zarco au moins aussi nombreux que ceux marqués du N.46 de l'idole Valentino Rossi, stands de souvenirs très sollicités, "Marseillaise" entonnée par des tribunes combles pour saluer sa pole position samedi...
"La notoriété monte, les gens me reconnaissent beaucoup plus, me demandent beaucoup plus d'autographes et de photos. Comme je n'ai pas connu ça au début, c'est agréable", confiait jeudi le Français, dont le doublé inédit en Moto2, en 2015 et 2016, était passé largement inaperçu.
Depuis son arrivée tonitruante en MotoGP en 2017 (il a mené six tours lors du GP inaugural, avant de monter sur le podium dès sa cinquième course, en France qui plus est), le pilote Yamaha Tech3 a changé de statut.
Et suscité un regain d'intérêt pour le Grand Prix moto de France, qui avec 105.203 spectateurs dimanche (206.617 sur l'ensemble des trois jours) a battu le record d'affluence établi l'an dernier, selon les organisateurs.
"Avoir un Français aux avant-postes en MotoGP, ça fait venir du public qui ne serait pas forcément venu sinon: des gens qui aiment les sports mécaniques mais ne sont pas forcément des passionnés de moto", estime le président de la Fédération française de motocyclisme (FFM), Jacques Bolle.
"Un plateau sur TF1"
"Il est difficile d'estimer exactement l'apport de Johann Zarco car il arrive dans un contexte porteur pour le MotoGP, mais c'est indéniablement un +push+ (une impulsion, ndlr) en dehors de notre communauté", abonde le promoteur du GP de France, Claude Michy.
"Ma notoriété ne change pas encore au niveau national", tempère tout de même le pilote de 27 ans, qui souhaite être le "porte-drapeau" de son sport en France. "Mais on est peut-être en voie de le devenir."
"C'est un peu comme ces chanteurs qui remplissent les salles sans jamais passer à la télévision, ose Michy. "Mais le balancier est en train de passer de l'autre côté."
Preuve que le discret mais ambitieux Zarco creuse timidement son sillon, si la presse généraliste hexagonale ne s'est pas déplacée massivement pour le GP de France, le promoteur a reçu cette année des sollicitations de médias qui ne couvraient auparavant pas ou peu l'événement.
Pour transformer l'essai, il faut maintenant accélérer le mouvement en direction du grand public. Cela passe d'abord par les résultats en piste.
"C'est un peu notre challenge aujourd'hui, ne cache pas Jacques Bolle. La presse grand public s'est pendant longtemps intéressée au sport moto (notamment dans les années 1980, quand lui-même courait aux côtés de Christian Sarron, ndlr), mais aujourd'hui, avoir un plateau sur TF1, ça ne sera possible que si Zarco gagne. Et encore, peut-être..."
"Il faut se servir de cette attention pour développer une belle image de la moto, renchérit le principal intéressé. Le grand public ne connaît pas assez ça et critique beaucoup. Je pense être dans une bonne position pour montrer que c'est un super sport et qu'on n'est pas des brutes ! En gagnant, ça sera beaucoup plus facile de transmettre ce message."
Réseaux sociaux
Signe de cette volonté, le pilote et son entourage soignent de plus en plus sa communication sur les réseaux sociaux.
Au cours du week-end, il a vu son nombre d'abonnés passer de 185.000 à 189.000 sur Facebook, de 189.000 à 196.000 sur Instagram et de 24.000 à 25.500 sur Twitter.
Il faudrait encore cravacher longtemps pour rattraper Rossi, qui revendique 13 millions d'abonnés sur Facebook, 5,2 sur Instagram et 5,65 sur Twitter, mais là n'est pas l'objectif. "On ne fait pas une tribu comme Valentino", sourit Zarco.
Alors qu'il rejoindra l'an prochain, comme il le souhaitait pour maximiser ses chances de titre mondial, les rangs de l'écurie officielle du constructeur autrichien KTM, le Français est à un carrefour.
Peut-il connaître une trajectoire semblable à celle de Sébastien Loeb, qui a propulsé le rallye dans une autre dimension en France dans les années 2000 ?
L'investissement publicitaire de Citroën avait beaucoup contribué à populariser l'Alsacien. Ca tombe bien, Red Bull, sponsor titre de KTM, n'est pas mauvais en la matière...
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