La présidence a annoncé que les deux jeunes chefs de file, Luigi Di Maio (M5S), 31 ans, et Matteo Salvini (Ligue), 45 ans, étaient attendus en fin d'après-midi: à 17H30 (15H30 GMT) pour le premier et à 18H00 (16H00 GMT) pour le second.
Aucune précision n'a été donnée en revanche sur l'horaire et les modalités de l'annonce du futur chef du gouvernement.
La presse pariait sur Giuseppe Conte, 54 ans, un élégant juriste qui enseigne le droit privé à Florence et à Rome, spécialiste de la justice administrative. Quasi inconnu en Italie, il a un curriculum vitae à rallonges après être passé par de prestigieuses universités étrangères (Yale, Cambridge, La Sorbonne).
Ces derniers jours, MM. Di Maio et Salvini ont conclu et fait valider par plus de 90% de leurs troupes un programme commun qui tourne résolument le dos à l'austérité et aux "diktats" de Bruxelles.
Cette perspective inquiète les marchés financiers: la Bourse de Milan a ouvert en baisse de près de 2% lundi, tandis que le spread - l'écart très regardé en Italie entre les taux d'emprunt italien et allemand à dix ans - dépassait les 170 points (+40 points en moins d'une semaine).
Pour diriger ce premier gouvernement antisystème d'un pays fondateur de l'Union européenne, MM. Di Maio comme Salvini étaient candidats. Mais une féroce lutte d'égos et des scores individuels insuffisants aux législatives les ont forcés à choisir une tierce personne.
Selon la presse italienne, ils devraient néanmoins se réserver des maroquins de choix: le ministère de l'Intérieur pour M. Salvini et un grand ministère du Développement économique, incluant le Travail, pour M. Di Maio.
"Nous nous sommes mis d'accord sur le chef et les ministres du gouvernement et nous espérons que personne ne mettra de veto sur un choix qui représente la volonté de la majorité des Italiens", a assuré dimanche Matteo Salvini.
Berlusconi fâché
Il n'a pas la moindre chance, mais le chef de Forza Italia, Silvio Berlusconi (droite), désormais très fâché avec M. Salvini, son allié des législatives, s'est proposé pour revenir aux manettes.
Le vieux milliardaire qui vient de retrouver son éligibilité a en effet plutôt mal pris les pans du programme commun sur la justice et les conflits d'intérêt.
"Salvini n'a jamais parlé au nom de la coalition, mais seulement en son propre nom et au nom de la Ligue", a-t-il dit vendredi soir en promettant une "opposition raisonnable et critique" et en se proposant, si M. Salvini se résolvait à lâcher le M5S, pour diriger le gouvernement.
Mais la Constitution italienne est claire: c'est le président de la République, Sergio Mattarella, qui a seul le pouvoir de désigner le prochain chef du gouvernement puis, sur proposition de ce dernier, de nommer ses ministres.
Il devrait examiner aussi lundi le "contrat de gouvernement" signé par le M5S et la Ligue, qui promet une politique de croissance plutôt que d'austérité pour combler les déficits, un rabaissement de l'âge de la retraite, la fermeté contre la corruption et un tour de vis sécuritaire, anti-immigrés et anti-islam.
La version finale du programme a toutefois rayé des mesures choc apparues dans des versions préliminaires, comme une éventuelle sortie de l'euro ou l'effacement pur et simple d'une partie de la colossale dette publique.
Selon un sondage publié dimanche dans La Repubblica, six Italiens sur dix se disent favorables à un gouvernement Ligue-M5S, malgré le ton alarmiste des analyses du coût pharamineux de leurs propositions phares dans la presse italienne.
Et la revendication de flexibilité financière formulée par le programme commun promet de faire des étincelles au sein de l'UE.
Durant le weekend, la France a eu droit à un avant-goût salé. M. Maio a ainsi annoncé unilatéralement le blocage de l'énorme chantier de la ligne ferroviaire Lyon-Turin (8,6 milliards d'euros) et M. Salvini a qualifié d'"inacceptables" les avertissements du ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, qui se disait inquiet pour la stabilité de la zone euro.
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