Le rendez-vous, pas encore fixé, est attendu dans l'après-midi.
Ces derniers jours, les deux jeunes chefs de file, Luigi Di Maio (M5S), 31 ans, et Matteo Salvini (Ligue), 45 ans, ont conclu et fait valider par plus de 90% de leurs troupes un programme commun qui tourne résolument le dos à l'austérité et aux "diktats" de Bruxelles.
Chacun des deux rêvait de diriger le premier gouvernement antisystème d'un pays fondateur de l'Union européenne. Mais une féroce lutte d'égos et des scores individuels insuffisants aux législatives les ont forcés à choisir une tierce personne.
Selon la presse italienne, ils devraient néanmoins se réserver des maroquins de choix: le ministère de l'Intérieur pour M. Salvini et un grand ministère du Développement économique, incluant le Travail, pour M. Di Maio.
"Nous nous sommes mis d'accord sur le chef et les ministres du gouvernement et nous espérons que personne ne mettra de veto sur un choix qui représente la volonté de la majorité des Italiens", a assuré dimanche Matteo Salvini.
La presse pariait sur Giuseppe Conte, 54 ans, un juriste qui enseigne le droit privé à Florence et à Rome, spécialiste de la justice administrative. Quasi inconnu en Italie, il a un curriculum vitae à rallonges après être passé par de prestigieuses universités étrangères (Yale, Cambridge, La Sorbonne).
Le nom d'Andrea Roventini, 41 ans, un jeune économiste enseignant à l'université de Pise, était également cité. Tout comme celui de Paolo Savona, 81 ans, ministre de l'Industrie en 1993-1994 et qui s'est toujours opposé au traité de Maastricht, présenté dans le programme commun comme le début de la dérive de l'Union européenne.
Berlusconi fâché
Il n'a pas la moindre chance, mais le chef de Forza Italia, Silvio Berlusconi (droite), désormais très fâché avec M. Salvini, son allié des législatives, s'est proposé pour revenir aux manettes.
Le vieux milliardaire qui vient de retrouver son éligibilité a en effet plutôt mal pris les pans du programme commun sur la justice et les conflits d'intérêt.
"Salvini n'a jamais parlé au nom de la coalition, mais seulement en son propre nom et au nom de la Ligue", a-t-il dit vendredi soir en promettant une "opposition raisonnable et critique" et en se proposant, si M. Salvini se résolvait à lâcher le M5S, pour diriger le gouvernement.
Mais la Constitution italienne est claire: c'est le président de la République, Sergio Mattarella, qui a seul le pouvoir de désigner le prochain chef du gouvernement puis, sur proposition de ce dernier, de nommer ses ministres.
Il devrait examiner aussi lundi le "contrat de gouvernement" signé par le M5S et la Ligue, qui promet une politique de croissance plutôt que d'austérité pour combler les déficits, un rabaissement de l'âge de la retraite, la fermeté contre la corruption et un tour de vis sécuritaire, anti-immigrés et anti-islam.
La version finale du programme a toutefois gommé des mesures choc apparues dans des versions préliminaires, comme une éventuelle sortie de l'euro ou l'effacement pur et simple d'une partie de la colossale dette publique.
Selon un sondage publié dimanche dans La Repubblica, six Italiens sur dix se disent favorables à un gouvernement Ligue-M5S. Seuls un quart des électeurs aimeraient que le projet de gouvernement des populistes échoue afin de pouvoir revoter.
Pourtant, la presse italienne a décortiqué ces derniers jours les propositions phares des populistes sur un ton alarmiste, additionnant les dizaines milliards d'euros que les promesses risquent de coûter.
Et la revendication de flexibilité financière formulée par le programme commun promet de faire des intincelles au sein de l'UE.
Durant le weekend, la France a eu droit à un avant-goût salé. M. Maio a ainsi annoncé unilatéralement le blocage de l'énorme chantier de la ligne ferroviaire Lyon-Turin (8,6 milliards d'euros) et M. Salvini a qualifié d'"inacceptables" les avertissements du ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, qui se disait inquiet pour la stabilité de la zone euro.
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