Autour du "hangar de l'avenir", noir de monde lors du rassemblement qui avait suivi la première vague d'expulsions en avril, ils n'étaient pas plus de 200 au début du rassemblement à avoir répondu à l'appel de quelques organisations pour que "l'opération policière et les expulsions cessent enfin".
Benoît et Anne, retraités venus des Deux-Sèvres, refusent d'admettre un échec, reconnaissant au mieux "un petit creux" dans une "lutte qui durera". La veille, à Nantes, une manifestation avait été finalement annulée sans explication.
"On ne peut pas mobiliser 10.000 personnes tous les mois", avance "Maël", un habitant de la ZAD, qui admet qu'"il y a une forme de lassitude, c'est sûr".
Le cortège a grossi peu à peu pour atteindre, selon la gendarmerie, quelque 450 personnes. Au programme: semis de sarrasin, plantation d'épouvantails à gendarmes, avant un apéro. Faute de forces de l'ordre sur la zone, le concours d'"insultes littéraires" a été abandonné.
Dans les fossés bordant la route poussiéreuse empruntée par le "triton crêté" géant, symbole de la lutte contre l'aéroport, des pneus, éclats de verre et cartouches rappellent les précédents affrontements. Certains toussent et sortent leurs mouchoirs: "On remue de la lacrymo", sourit l'un d'entre eux.
Après une deuxième vague d'expulsions, jeudi et vendredi, bien moins violente que la première, ils sont nombreux ici à estimer être arrivés à la "fin d'un cycle" et à vouloir entrer dans une de négociations avec le gouvernement pour mettre en place des projets et "continuer l'expérience" de la ZAD.
La lutte avec les forces de l'ordre, "on a envie que ça s'arrête", explique Camille, un des habitants.
Fin de séquence
Quinze des 29 projets agricoles déposés fin avril par les occupants de la ZAD, et qui couvrent la majorité de son territoire, ont déjà été jugés éligibles, et l'étude des autres se poursuit.
Au carrefour de la Saulce, haut-lieu d'affrontement entre gendarmes et zadistes, le cortège est stoppé par un groupe qui édifie une construction en bois et béton pour en bloquer l'accès. Ceux-là sont cagoulés de noir, et leur présence jette un froid dans la troupe plutôt joviale qui défile. Un peu plus loin sur l'emblématique route des Chicanes, d'autres creusent des "ralentisseurs" dans le bitume, à la pioche. "Ils sont contents, ils creusent des trous", commente Maël, amer, en les les observant de loin. Il préfère encourager au mégaphone à aller semer du sarrasin dans le champ voisin.
"On ne veut pas qu'ils pètent la route, ils amènent les gendarmes sur la zone. Nous on veut passer à une autre séquence", dit un autre "Camille".
"J'ai eu l'impression qu'il y avait deux ZAD", résume Martine, 66 ans, chemise fleurie et lunettes de soleil: Celle où l'on "construisait, où c'était vachement sympa, où on entendait le travail du bois", et la ZAD qui a "envie de continuer à s'affirmer en faisant des barricades et en se payant du flic". Face aux "discordes" évidentes, "on est tous relativement mal à l'aise", reconnaît-elle.
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