Le contraste avec le dernier match de Francesco Totti pour l'AS Rome, il y a un an presque jour pour jour, a été assez saisissant. Dans un Stade Olympique à guichets fermés depuis des jours, ce sont des torrents de larme qui avaient alors coulé et personne n'avait été épargné.
"Ah mais ça c'est Rome ! Ils font tout leur cinéma. Nous on va faire ça différemment, même si ça sera étrange sans lui", a expliqué à l'AFP Giancarlo, un tifoso de 44 ans, dont 17 avec le légendaire gardien de but.
Pour cette dernière face au Hellas Vérone, Turin, de fait, a fait les choses plus sobrement, même si le bain de foule que s'est offert Buffon en bas du virage Sud à la fin d'un échauffement qui pour une fois n'aura pas été très professionnel a été un vrai moment d'émotion.
"Je veux vivre cette journée normalement. Je ne demande rien, sauf ce que j'ai déjà eu, l'estime, l'affection et le respect. Le reste je n'en ai pas besoin. Enfant, je n'aimais pas les anniversaires et être au centre de l'attention", avait prévenu Buffon jeudi.
Mais ses coéquipiers ne lui ont pas vraiment laissé le choix. Alors que résonnaient comme d'habitude les premières notes de Thunderstruck d'AC/DC et que le speaker du stade lançait son traditionnel "Ladies and gentlemen ! Juventus Football Club !", ils l'ont laissé entrer seul sur la pelouse avec des sourires d'écoliers farceurs.
'Ces joies brutales'
La suite a été plus convenue, avec quelques messages dans les tribunes - "17 ans avec toi. Merci Gigi", "Gigi Buffon, héros immortel", ou "Gigi, Santo Subito" - et une grande bâche représentant Buffon en Hulk souriant, appuyé sur le scudetto 2017-2018, le 9e de son extraordinaire époque turinoise.
Buffon a ensuite salué chacun de ses coéquipiers, avec une accolade spéciale pour son successeur désigné Wojciech Szczesny, et a pris place entre ses poteaux pour son dernier match sous le maillot bianconero.
Le public turinois n'en a rien raté, saluant chacune de ses interventions, même le plus simple des contrôles plat du pied ou la plus facile des prises de balle, d'une ovation prononcée.
Il reste désormais à Buffon à décider de son avenir: en costume à la Juventus, à la fédération italienne ou à la Fifa ? Ou encore crampons aux pieds, au Paris SG ou ailleurs.
"C'est un choix très difficile, parce qu'à cet âge, c'est un moment extraordinaire pour un gardien. Tu n'as pas d'adversaire à rattraper. Et donc tu peux continuer à jouer tranquillement si tu es toujours réactif et en forme d'un point de vue athlétique", avait expliqué il y a quelques semaines à l'AFP Dino Zoff, l'autre légende italienne de la Juve et du poste de gardien, lui-même retraité à 40 ans passés.
"A un certain âge tu apprécies vraiment ce que tu fais. Tu profites à fond de cette façon de vivre parce que tu sais qu'après, ça sera difficile de retrouver ce genre de bonheurs dans ta vie, ces joies brutales. Bien sûr, on peut être heureux en famille, avec ses enfants. Mais ça n'est pas la même joie que gagner des trophées."
A propos de famille, Buffon sait qu'il fait pour toujours partie de celle de la Juventus. Celle qu'il a découvert en 2001 avec comme coéquipiers Trezeguet, Thuram, Nedved, Ferrara, Davids ou Salas. La Juventus accueillait alors le meilleur gardien italien. Dix-sept ans plus tard, elle laisse partir le meilleur gardien italien.
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