L'une de ces deux femmes arrivait d'un Ehpad de Tours, la nuit du 11 avril. L'autre venait d'un service de Soins de Suite de Luynes (Indre-et-Loire), le 3 mai.
Les deux étaient atteintes de pathologies graves et en fin de vie.
Selon Oscar, infirmier aux urgences de nuit, "ces personnes ont été vues par les infirmiers d'accueil. Elles n'ont pas pu être placées en box pour être examinées médicalement et se voir prodiguer les soins nécessaires suffisamment tôt".
"Elles sont décédées dans une salle d'attente, post-triage, sur des brancards au milieu d'autres personnes qui attendaient d'être prises en charge", a dénoncé l'infirmier interrogé par l'AFP, fustigeant "un goulot d'étranglement à l'entrée des urgences qui crée un temps d'attente inacceptable".
Anita Garnier, infirmière aux urgences, du syndicat Sud-santé, a souligné que cette salle a été créée pour "éviter que les gens attendent dans le courant d'air. Et que les ambulanciers soient bloqués à l'entrée des urgences".
"Elle est faite pour accueillir cinq brancards et, régulièrement, on y entasse plus de quinze brancards. Les gens attendent sans sonnette, sans possibilité d'appeler des soignants. Nous n'avons plus de possibilité de placer les patients car la direction ferme des lits dans les services. Le personnel n'en peut plus", a ajouté Mme Garnier.
Le professeur Gilles Calais, président de la Commission médicale d'établissement et membre de la direction du CHU de Tours, a déploré que "ces patientes en détresse médicale importante, grave, soient décédées dans des délais entre 4 et 8 heures après leur admission".
"Des patients en fin de vie doivent-ils mourir aux urgences? Non. Il faut réguler les flux en amont. Nous avons 200 décès aux urgences chaque année. La majorité surviennent dans ces conditions-là. Ce n'est pas une problématique spécifique au CHU de Tours", relève-t-il.
Trois organisations syndicales ont déposé un préavis de grève pour le jeudi 24 mai, afin de dénoncer "les conditions d'accueil des patients qui se dégradent".
Alors que l'insuffisance des moyens dans les hôpitaux et les Ehpad est dénoncée par le personnel médical, le Comité national d'éthique a déploré dans un avis rendu public mercredi la "ghettoïsation" et l'abandon de nombreuses personnes très âgées au sein de la société.
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