Le dioxyde de titane, dont la présence est indiquée sur les étiquettes par TiO2 ou E171, est une poudre blanche utilisée principalement comme colorant, pour blanchir ou intensifier la brillance des produits alimentaires, mais aussi cosmétiques, qui ne sont pas concernés par l'annonce du gouvernement.
C'est le fait que cette substance contienne des nanoparticules -- d'une taille inférieure à 100 nanomètres facilitant leur pénétration dans l'organisme -- qui soulève l'inquiétude récurrente des associations de défense des consommateurs et de l'environnement.
"Nous souhaitons suspendre avant la fin de l'année l'utilisation de cette substance comme additif alimentaire en France", a déclaré au Parisien la secrétaire d'Etat à la Transition écologique Brune Poirson.
La France a d'autre part "saisi la Commission européenne afin de demander aussi des mesures à ce niveau, dès lors que le dioxyde de titane est susceptible de constituer un risque sérieux pour la santé humaine", a indiqué Brune Poirson.
Face aux inquiétudes liées aux effets sanitaires des nanomatériaux, en particulier le dioxyde de titane, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) doit conduire de nouvelles recherches en 2018 à la demande du gouvernement.
L'an dernier, une étude de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) avait conclu que l'exposition chronique au E171 favorisait la croissance de lésions pré-cancéreuses chez le rat. Sans que ces résultats ne permettent de conclure sur ses effets sur l'homme, selon l'Anses.
Des retraits déjà annoncés
Bonbons, produits de boulangerie et de pâtisseries, crème glacée, plats cuisinés, tablettes de chocolat... La liste est longue d'aliments contenant le fameux E171, mais il est également utilisé dans des produits comme le dentifrice et les médicaments.
L'ONG Agir pour l'Environnement, qui a salué l'annonce du gouvernement, a d'ores et déjà réclamé que cette mesure soit étendue aux cosmétiques et aux médicaments.
"Le peu d'évaluations effectuées en amont de la mise sur le marché des nanoparticules de dioxyde de titane ainsi que les nouvelles études apportant la preuve de la toxicité du TiO2 plaident pour une interdiction de l'ensemble des produits auxquels sont exposés la population par différents biais (ingestion, voie cutanée, inhalation)", a insisté l'association dans un communiqué.
Le dioxyde de titane utilisé dans les médicaments a "pour seule utilité de colorer ou d'opacifier le pelliculage des comprimés et gélules", souligne-t-elle, assurant que 4.000 médicaments en contiendraient (Doliprane, Dafalgan, Spasfon…).
Les associations de consommateurs accusent également régulièrement les fabricants de ne pas faire figurer la mention "nano" sur les étiquettes de produits qui contiennent pourtant des nanoparticules, dioxyde de titane mais aussi dioxyde de silicium ou encore oxydes de fer et de zinc (colorants).
UFC-Que Choisir avait ainsi porté plainte en janvier contre neuf entreprises agroalimentaires, et des contrôles de la DGCCRF (répression des fraudes), renforcés à la demande du gouvernement, ont mis en évidence des manquements.
Face à ces critiques, de plus en plus d'entreprises ont annoncé retirer le dioxyde de titane de leurs recettes. Comme la confiserie Verquin à Tourcoing, qui produit les bonbons "Têtes brûlées" et où Brune Poirson doit faire officiellement cette annonce vendredi après-midi.
En février, Carambar and Co avait également annoncé avoir retiré le TiO2 de ses chewing-gums Malabar. Et selon Agir pour l'environnement, plusieurs marques de distributeurs (Carrefour, Super U, Leclerc) et d'autres comme Picard et William Saurin en ont fait de même.
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