Armé d'un couteau de cuisine, Khamzat Azimov, un Français né en Tchétchénie (Russie) qui était suivi pour radicalisation, a tué un passant de 29 ans et blessé cinq autres personnes dans le quartier Opéra, au cœur de la capitale française, avant d'être abattu par les forces de l'ordre. Le groupe État islamique (EI) a revendiqué l'attentat.
Un ami très proche, Abdoul Hakim A., 20 ans, né lui aussi en Tchétchénie et naturalisé, arrêté dimanche à Strasbourg (Est), a été mis en examen (inculpé) jeudi d'"association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes d'atteinte aux personnes", et écroué à l'issue de quatre jours de garde à vue.
Abdoul Hakim A. a contesté "une quelconque participation" ou "implication" dans l'attentat, a assuré le procureur de Paris François Molins, lors d'une conférence de presse.
Le procureur a également annoncé l'interpellation jeudi à Paris de deux jeunes femmes "proches de Abdoul Hakim A. et de Khamzat Azimov", dans le cadre de l'information judiciaire ouverte notamment pour assassinat et tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste.
L'une d'elles, Inès Hamza, est une jeune radicalisée qui s'était mariée religieusement avec Abdoul Hakim avant de tenter de partir en Syrie, a appris l'AFP de sources concordantes. L'autre femme est une de ses amies, selon une source proche de l'enquête.
En janvier 2017, Inès Hamza avait été inculpée pour association de malfaiteurs à visée terroriste et placée sous contrôle judiciaire dans une instruction à Paris où trois autres femmes sont impliquées, selon des sources proche de l'enquête.
Au domicile d'Abdoul Hakim A., sept téléphones ont été saisis, mais le portable qu'il utilisait le plus souvent demeure introuvable.
"Profil simple"
Il a affirmé aux enquêteurs l'avoir perdu le matin même de son arrestation. Des investigations ont permis de déterminer qu'il avait envoyé à sa sœur, le soir de l'attentat, sur WhatsApp, "un chant jihadiste, souvent repris par l'(organisation) État islamique", a souligné le procureur de Paris.
Ce suspect travaillait depuis janvier en contrat à durée déterminée à l'accueil de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) à Strasbourg et son contrat avait été renouvelé jusqu'à décembre.
Les enquêteurs avaient également placé en garde à vue dimanche les parents de Khamzat Azimov, remis en liberté mardi, en l'absence d'élément incriminant.
Le procureur a par ailleurs précisé que l'attaque de samedi avait fait 5 blessés, dont 2 graves, et non 4 comme indiqué jusqu'à présent. L'assaillant a occasionné "dix plaies" au jeune homme mort qu'il a tué, Ronan Gosnet, dont l'une est "compatible avec une tentative d'égorgement", a ajouté M. Molins.
Mercredi, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a décrit l'assaillant, sans antécédents judiciaires, comme "quelqu'un d'assez seul" avec un "profil relativement simple".
Cette attaque, qui a porté à 246 le nombre de personnes tuées dans la vague d'attentats jihadistes qui touche la France depuis 2015, a encore une fois relancé le débat autour du suivi des individus fichés S (pour "sûreté de l'État", qui concernent plus de 10.000 personnes, dont pour moitié environ des islamistes radicaux).
Le parti d'extrême droite Front National a ainsi dénoncé des fiches S qui "ne servent à rien", tandis que Les Républicains (droite) ont proposé l'internement préventif des fichés S "les plus dangereux".
"Aujourd'hui, ce n'est plus le haut du spectre qui passe à l'action, c'est-à-dire celles et ceux qu'on suivait de plus près. (...) Celui-là, par exemple, il passe à l'acte avec le couteau de cuisine de sa mère", avait rétorqué M. Collomb.
Au total, 51 attentats ont été déjoués depuis janvier 2015, a rappelé le Premier ministre, Édouard Philippe, fin mars.
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