Dans une courte lettre adressée aux 34 évêques chiliens -rencontrés à quatre reprises au Vatican entre mardi et jeudi-, le pape ne donne aucune piste sur d'éventuelles sanctions contre des prélats, dont certains sont soupçonnés d'avoir gardé le silence sur des cas d'abus sexuels.
"Je vous remercie pour la pleine disponibilité que chacun a manifesté pour adhérer et collaborer à tous les changements et résolutions que nous devrons mettre en place à court, moyen et long termes, nécessaires pour rétablir la justice et la communion ecclésiale", écrit le pape en espagnol dans sa lettre, diffusée par le Saint-Siège.
Le souverain pontife argentin évoque un échange "franc" face "aux graves événements qui ont endommagé la communion ecclésiale et fragilisé le travail de l'Eglise au Chili au cours des dernières années".
"A la lumière de ces événements douloureux concernant des abus -de mineurs, de pouvoir et de conscience- nous avons approfondi la gravité des situations ainsi que les tragiques conséquences en particulier sur les victimes".
Le pape leur rappelle qu'il a dû demander "pardon" à plusieurs victimes du clergé chilien. Les prélats chiliens ont selon lui exprimé "leur ferme intention de réparer les dommages causés".
François conclut sa lettre en invitant les évêques chiliens à construire "une Eglise prophétique", "à l'écoute de l'affamé, du prisonnier, du migrant et de l'abusé".
Mesures à brève échéance
Le secrétaire général de la Conférence épiscopale du Chili, Mgr Fernando Ramos, fera pour sa part une "déclaration" vendredi à la mi-journée devant la presse.
Le père espagnol Jordi Bertomeu - coauteur d'une enquête commandée par le pape sur des abus sexuels perpétrés par le clergé chilien - avait relevé jeudi matin que la convocation de l'ensemble de la Conférence épiscopale chilienne à Rome était exceptionnelle.
"Nous attendons des mesures concrètes à brève échéance. Le pape est un homme de parole", avait-il dit à des journalistes latino-américains. "Je pense que nous sommes en train d'écrire l'Histoire", avait-il ajouté, soulignant que les abus sexuels "ne peuvent être tolérés".
A la lecture en avril des conclusions de 2.300 pages d'enquête du père Bertomeu, dont 64 témoignages recueillis au Chili et aux Etats-Unis, le souverain pontife avait reconnu avoir commis "de graves erreurs" d'appréciation de la situation au Chili et parlé d'un "manque d'informations véridiques et équilibrées".
Il avait alors convoqué tous les évêques du Chili à Rome pour examiner les conclusions du rapport.
Avant de recevoir les évêques chiliens, le pape avait accueilli début mai pendant plusieurs jours dans sa résidence du Vatican trois victimes d'abus sexuels.
Selon ces trois hommes, il leur a promis des mesures "adéquates et durables".
Juan Carlos Cruz, James Hamilton et Jose Andrés Murillo (victimes du père Fernando Karadima, reconnu coupable en 2011 par un tribunal du Vatican d'avoir commis des actes pédophiles dans les années 1980 et 1990) avaient dénoncé devant la presse l'omerta d'une partie de la haute hiérarchie de l'Eglise catholique du Chili.
L'un d'eux avait nommément mis en cause le cardinal Javier Errazuriz, membre d'une puissante commission de neuf cardinaux (C9) chargée de conseiller le pape François sur les réformes de la Curie, et qui vient régulièrement à Rome.
Jeudi, le cardinal Errazuriz a accusé les victimes de "calomnies" dans un entretien au média chilien T13. "J'ai enquêté sur Karadima, je n'en dirai pas plus", a commenté le cardinal. Le pape m'a dit que "je l'avais toujours bien informé", s'est défendu le prélat chilien.
Le pape tente de réparer le fiasco médiatique de son voyage au Chili en janvier, quand il avait défendu avec force un évêque chilien, Juan Barros, soupçonné d'avoir caché les actes pédophiles du père Fernando Karadima.
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