L'homme de 21 ans a réussi à s'échapper au moment de son arrivée à l'hôpital de Brest. Il s'est enfui à bord d'un véhicule qui l'attendait à proximité.
Les faits se sont déroulés "entre 09H00 et 10H00" devant le CHU et "ça s'est passé extrêmement vite, dès l'arrivée sur place", a précisé à l'AFP l'administration pénitentiaire.
Selon le Syndicat national pénitentiaire Force ouvrière, l'homme s'est mis à courir dès sa sortie du véhicule pénitentiaire. Un agent est parvenu "à le plaquer une première fois au sol mais le détenu s'est relevé et a rejoint un véhicule de type Peugeot 306 où au moins deux hommes l'attendaient".
Des téléphones portables ont été retrouvés dans sa cellule, a indiqué une source proche de l'enquête, selon laquelle il était signalé en raison de sa conversion à l'islam, la pratique rigoriste de sa foi et un changement physique. Cependant, il ne tenait pas de discours rigoriste, ni avant ni pendant sa détention.
Cet homme "fait l'objet d'une fiche S parce qu'il a une tendance à la radicalisation et qu'il est suivi pour ça", a indiqué à l'AFP le procureur de la République de Brest, Jean-Philippe Récappé. Il n'a cependant jamais été condamné pour des faits de terrorisme ou d'apologie du terrorisme, a-t-il ajouté, assurant dans la soirée qu'il était toujours activement recherché.
"potentiellement radicalisé"
Originaire de Landerneau, près de Brest, l'homme avait 23 mentions à son casier judiciaire pour des faits de vol, dégradation et outrage notamment, selon M. Récappé.
Le Breton était en détention provisoire depuis le 13 novembre pour "vol par escalade dans un entrepôt", selon le parquet de Brest. Sa détention devait se prolonger jusqu'en juillet.
Incarcéré à plusieurs reprises à Brest, notamment alors qu'il était encore mineur, l'homme a également été emprisonné à Nantes, selon Thierry Labrot, du syndicat UFAP de Brest, selon lequel il s'est radicalisé "à travers ses fréquentations qu'il avait en détention". Il s'était laissé pousser la barbe, portait la djellaba et faisait cinq prières par jour, a précisé M. Labrot, disant regretter le manque de formation du personnel pénitencier face à de tels individus. "L'établissement (de Brest, ndlr) n'est pas fait pour recevoir ce profil de détenus", a-t-il assuré.
Il est "dangereux", a jugé pour sa part auprès de l'AFP le secrétaire général du Grand ouest de la CGT pénitentiaire, Samuel Gauthier, déplorant le fait que les agents chargés de son transfert n'aient pas été armés.
"Les détenus savent que, dès lors qu'ils partent en extraction médicale, le niveau de sécurité n'est pas le même", a-t-il assuré, expliquant que, depuis le transfert de mission de la charge des extractions de détenus des forces de l'ordre vers l'administration pénitentiaire, "les agents n'étaient plus armés" lors de tels transferts.
"Est-ce que tous les moyens ont été mis en oeuvre pour empêcher cette évasion par rapport à tout ce qui se passe dans notre pays, notamment depuis les attentats du Bataclan? Je ne pense pas", a-t-il assuré.
La polémique sur les "fichés S" pour radicalisation a été relancée par l'attaque au couteau samedi dans les rues de Paris, qui a fait un mort. L'assaillant, Khamzat Azimov, figurait sur ce registre et était également inscrit au Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation islamiste (FSPRT), qui recense quelque 20.000 individus.
Après l'attaque parisienne, des dirigeants de droite et d'extrême droite ont dénoncé l'inutilité de ce dispositif en rappelant que l'auteur du double attentat de l'Aude, fin mars, était lui aussi "fiché S" pour radicalisation. Le gouvernement a répliqué en fustigeant des critiques "politiciennes" et en insistant sur la difficulté d'anticiper des attaques menées par des personnes évoluant hors de réseaux constitués.
Mercredi, la commission des lois du Sénat a décidé de créer un groupe de travail sur les fiches S afin de répondre aux "interrogations" sur leur efficacité.
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