Alors que le patron de la Ligue, Matteo Salvini, a affirmé qu'un accord serait conclu "dans la journée" pour former le premier exécutif antisystème de l'histoire italienne, la publication par le Huffington Post d'un projet de "contrat de gouvernement de changement" a fait l'effet d'une bombe.
Cette "ébauche" datant de lundi matin est toutefois "dépassée" et a été "amplement modifiée", ont rapidement réagi dans un communiqué les deux formations sorties vainqueurs -- mais obligées de s'allier pour avoir une majorité -- des élections législatives du 4 mars.
Parmi les nombreuses mesures énumérées dans le document de 39 pages figurent l'introduction de mesures "techniques de nature économique et juridique qui permettent aux Etats membres de sortir de l'Union monétaire, et donc de retrouver leur souveraineté monétaire".
Un passage évoque aussi la possibilité de demander à la Banque centrale européenne (BCE), dirigée par l'Italien Mario Draghi, d'annuler quelque 250 milliards d'euros de dette italienne détenue sous forme de titres d'Etat par l'institution de Francfort.
Autre mesure préconisée: la création d'un "comité de conciliation", structure liée aux partis et parallèle au gouvernement, chargé de régler les éventuels désaccords entre les deux forces politiques.
Aussitôt publié, le texte a suscité une avalanche de réactions dans la presse, journalistes et experts critiquant en particulier sa "naïveté".
"Détruire l'Italie pour faire du tort à l'Europe", a commenté le quotidien La Repubblica, proche de la gauche.
Pour Lorenzo Codogno, ancien économiste en chef du Trésor italien et désormais à la tête du cabinet LC Macro Advisors; l'inventaire de mesures révèle "la bizarrerie, l'inexpérience et le côté décalé des deux formations".
Les marchés financiers n'ont pas apprécié non plus: la Bourse de Milan perdait 2,5% en début d'après-midi tandis que le spread - l'écart très observé en Italie entre les taux d'emprunt italien et allemand à dix ans approchait des 150 points, contre 131 points mardi soir.
"Barbares" plutôt que "larbins"
Dans une série de vidéo diffusées sur leurs comptes Facebook, les chefs de file des deux partis ont promis de présenter leur futur accord aux Italiens dès ce weekend sur des stands installés à travers la péninsule. Le texte devrait aussi être soumis aux militants, sur internet pour le M5S, sur les stands pour la Ligue.
Les deux formations ont tenté d'apaiser les esprits mercredi en expliquant que de nombreux points du texte évoqué dans la presse avaient "radicalement changé" en particulier sur l'euro, leur décision étant "de ne pas mettre en discussion la monnaie unique".
M. Salvini a rejeté ces critiques et les "insultes" de la presse, évoquant en particulier un titre du Financial Times sur l'entrée à Rome des "barbares modernes".
"Mieux vaut les barbares que les larbins qui bradent la dignité, l'avenir, les entreprises et même les frontières de l'Italie. Les Italiens d'abord !", a-t-il martelé.
Après avoir évoqué la nécessité d'une "confrontation" avec l'Union européenne dans un précédent message mardi soir, l'allié du Front national français a rappelé ses ambitions en matière d'immigration, un thème "chaud" dans les discussions.
"Il y a un avenir ici pour les braves gens mais pour les milliers de délinquants il n'y a qu'une voie: rentrer à la maison", a-t-il insisté.
La Ligue veut pour cela accélérer l'examen des demandes d'asile, expulser les détenus étrangers "qui nous coûtent les yeux de la tête" et tailler dans le budget de près de 5 milliards d'euros alloués ces dernières années aux secours en mer et à l'accueil des demandeurs d'asile "pour mettre un peu d'argent au chapitre rapatriements".
Dans un communiqué, le mouvement néofasciste CasaPound a salué "le fort potentiel" de la possible alliance, dénoncé "la réaction ignoble et terroriste des médias" et appelé les deux formations à faire preuve "de beaucoup de courage".
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