L'an dernier, "SOS Homophobie a recueilli 1.650 témoignages d'actes (homophobes)", en augmentation de 4,8% par rapport à 2016 (1.575 témoignages), une année qui avait déjà enregistré une forte hausse (+19,5%), observe l'association.
Après le pic constaté en 2013 (3.517 témoignages), lié à l'adoption de la loi sur le mariage pour tous, le niveau "se situe dans la fourchette haute" des années qui ont précédé la loi Taubira, souligne SOS Homophobie.
D'après les chiffres de la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), également publiés mardi, 1.026 infractions à caractère homophobe ou transphobe ont été enregistrées l'an passé par les forces de l'ordre, en très légère hausse par rapport à 2016 (1.020 infractions).
"Nous revenons dans une phase ascendante de témoignages. Nous appelons le gouvernement à ne pas faire traîner en longueur les débats sur la PMA", dont l'ouverture aux lesbiennes et femmes célibataires est au menu des États généraux de la bioéthique, a déclaré Joël Deumier, président de SOS Homophobie, en conférence de presse.
"Nous ne voulons pas revivre la même déferlante de haine que lors des débats sur le mariage", a-t-il ajouté, même si la hausse des chiffres "peut être vue comme une bonne nouvelle, car la parole des victimes de LGBTphobies s'est libérée".
Parmi les témoignages recueillis, dont certains pouvaient cumuler plusieurs actes homophobes, les manifestations de rejet (62%) et les insultes (52%) sont les faits les plus fréquemment relevés, devant les cas de discrimination (34%), de harcèlement (20%) et de menaces et chantage (19%).
Plus inquiétant, les agressions physiques repartent à la hausse après plusieurs années de baisse, avec 139 cas recensés en 2017, contre 121 en 2016 (+15%), soit une agression tous les trois jours.
Cette augmentation peut s'expliquer, selon Joël Deumier, par "une montée de la parole homophobe en 2017 dans un contexte électoral", avec des "prises de positions publiques de candidats, comme François Fillon, pour la réécriture de la loi Taubira". "Cela a des répercussions dans le monde réel, avec des digues morales qui reculent", favorisant les passages à l'acte, a-t-il déploré.
Les victimes sont le plus souvent des hommes (58%), jeunes (56% ont moins de 35 ans, quand leur âge est connu). Lieux publics, travail, voisinage, famille, école, commerces et services: dans plus d'un cas sur deux (55%), l'homophobie survient "dans les contextes relatifs à la vie quotidienne", note l'étude.
Les cas relevant du voisinage (+84%) et du milieu scolaire (+38%) explosent. Cela "a de quoi alarmer dans la mesure où le domicile est censé être un lieu où l'on se sent en sécurité", souligne SOS Homophobie qui rappelle par ailleurs que "+PD+ reste l'insulte la plus prononcée dans les cours de récréation".
En 2017, SOS Homophobie indique être intervenu dans 560 établissements scolaires et avoir sensibilisé près de 20.000 élèves.
"On pourrait faire plus car nous avons beaucoup de demandes auxquelles nous ne pouvons pas répondre. La lutte contre l'homophobie ne peut pas reposer uniquement sur les associations", a souligné Joël Deumier, appelant le gouvernement à "mettre en œuvre des politiques propres".
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