La croisière maritime, avec des bateaux qui transportent en moyenne 1000 passagers, est une manne financière. Et ça, Rouen tourisme et congrès (l'office de tourisme de Rouen) (Seine-Maritime) qui gère le terminal croisière sur le port l'a bien compris. Depuis 2014, il emploie un spécialiste britannique de la croisière en free-lance basé à Londres, David Selby, dont le travail consiste à convaincre les compagnies de proposer des escales dans la ville aux cent clochers. Et le succès est au rendez-vous, puisque de cinq escales de croisière maritime en 2014, la ville de Rouen est passée à 28 en 2018 (25 selon les prévisions de la capitainerie susceptibles d'évoluer). Un record absolu. Cela représente environ 30 000 croisiéristes qui débarqueront dans la capitale normande.
David Selby, spécialiste britannique de la croisière, a été embauché spécialement pour développer le nombre d'escales de croisière à Rouen. - David Selby
Avec un panier moyen de 85 euros par passager lors des escales, cela représente potentiellement 2,55 millions d'euros de retombées économiques, dont une importante partie pour le territoire de Rouen et ses environs.
La croisière sur la Seine comme atout
"Il y a de quoi travailler avec Rouen", explique réjoui David Selby avant de décrire sa stratégie. "Pour les compagnies de croisière, l'escale à Rouen était vue comme une contrainte, un détour de 5 heures coûteux en carburant, alors que ce voyage sur la Seine est spectaculaire en lui-même". Dès 2014, une vidéo promotionnelle est produite sur ce trajet de l'estuaire à Rouen et des cartes explicatives des principaux points d'intérêt sont réalisées pour être mises à disposition des touristes. "C'est la Bouille, c'est Caudebec-en-Caux, c'est l'abbaye de Jumièges… Ça a aidé à convaincre les compagnies et les agences de voyages", explique le spécialiste.
"Le voyage sur la Seine est spectaculaire en lui-même"
Et puis, il y a Rouen en elle-même et ses propres atouts parmi lesquels, sa proximité avec Paris, particulièrement appréciée des croisiéristes américains de plus en plus nombreux. La ville séduit également pour son aspect historique lié à Jeanne d'Arc, qui attire les touristes Britanniques, mais aussi pour ses principaux monuments : la cathédrale et sa mise en lumière durant l'été, le Panorama XXL et son caractère unique, la proximité avec les jardins de Monet à Giverny… L'événementiel, avec notamment le marché de Noël ou, bien sûr l'Armada en 2019 sont autant d'arguments qui permettent aussi de vendre la destination pour David Selby. "Je suis toujours demandeur auprès de l'office de tourisme. Qu'y a-t-il de nouveaux, qu'est-ce que vous proposez d'unique ? C'est très recherché."
En 2018, trois nouvelles compagnies proposent des escales à Rouen dont le géant allemand Aida avec au début du mois, l'escale de l'Aidavita, ou encore Voyages to Antiquity. "C'est une compagnie spécialisée dans les destinations historiques qui voyageait beaucoup en Égypte et en Turquie mais qui change de destinations avec les tensions politiques. L'Aegan Odyssey sera pour la première fois à Rouen au mois d'août", explique David Selby.
L'Aidavita était en escale à Rouen pour la première fois au début du mois de mai. - Haropa
Reste ensuite à conserver cette manne touristique sur le territoire et pour cela, l'office de tourisme propose une prise en charge immédiate dès la sortie du navire avec notamment des visites guidées. Lors de l'escale de l'Aidavita, "la majorité des touristes est restée à Rouen et sur son territoire", assure David Selby. "Les Américains et les Britanniques aiment bien profiter d'une bonne table lors de leur périple, renchérit Yves Leclerc, directeur général de Rouen tourisme et congrès. Ils mangent chez Gill ou à la Couronne, qui marche fort depuis le succès du film Julie et Julia avec Meryl Streep, l'histoire d'une critique culinaire américaine qui commence dans ce restaurant", explique-t-il.
Reste évidemment pour Rouen des contraintes techniques qui ne lui permettent pas de rivaliser complètement avec Le Havre (Seine-Maritime) ou Honfleur (Calvados). 240 mètres est la longueur maximale des bateaux qui peuvent être accueillis, "à cause de la forme du quai, légèrement courbée", précise le Grand port maritime de Rouen. Le tirant d'eau des bateaux (leur partie immergée) ne peut excéder huit mètres et les horaires pour remonter et redescendre la Seine sont contraints par la marée. Mais le marché n'est pas encore à maturité. Yves Leclerc et David Selby reviennent justement de Saint-Pétersbourg où ils ont rencontré les principales sociétés de croisière européennes qui alimentent les escales rouennaises.
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