Samedi encore, des milliers de manifestants favorables au maintien de la loi se sont réunis dans le centre de Dublin derrière une large banderole proclamant "sauvez des vies, votez non".
Au départ, 67% des Irlandais avaient voté en faveur du 8e amendement qui proscrit tout recours à l'IVG, possible depuis 2013 seulement si la vie de la mère est en danger.
Cependant la loi dispose toujours que toute femme ou personne aidant une femme à accéder à l'avortement encourt jusqu'à 14 ans d'emprisonnement.
Aujourd'hui, le pays pourrait faire le chemin inverse grâce à une tendance favorable aux Pro-choix (45%) face aux défenseurs de la loi actuelle (34%) malgré un nombre encore important d'indécis (18%) selon une récente enquête Kantar Millward Brown pour le Sunday Independent.
Cette avance fragile pousse à la prudence les partisans du "Oui" à l'abrogation du 8e amendement. "Le resultat sera sans doute serré", concède Sarah Monaghan, porte-parole de Together for yes, principale organisation pro-choix, qui exhorte les militants à redoubler d'efforts.
Réunions d'informations autour d'un café, soirées spectacles pour lever de fonds, les évènements se sont multipliés notamment pour encourager les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales.
La récente ouverture dans le centre de Dublin d'une boutique temporaire "Together for yes" a attiré beaucoup de ces jeunes, nombreux à s'afficher avec des t-shirts et des badges qui disent "Oui" ou des pulls avec "Repeal" ("Abrogez") écrit, devenus très prisés en ville.
"Les gens voient ces pulls, ils posent des questions et ça ouvre la discussion", explique Tara qui a acheté quatre pulls pour ses colocataires pour un total de 116 euros. "Mais l'argent va à la campagne donc ça va", précise l'étudiante de 20 ans.
Une campagne largement relayée sur les réseaux sociaux avec des groupes locaux très actifs et potentiellement visibles par une jeunesse connectée, présentée comme plus libérale.
Les partisans du "Oui" parlent beaucoup d'un scrutin qui serait générationnel et Sarah Monaghan, elle-même âgée de 27 ans, parle de "l'opportunité d'une vie de changer la société".
Mais la jeunesse est aussi un argument des Pro-vie qui ont entamé plusieurs tours d'Irlande en bus à bord desquels les moins de trente ans sont nombreux.
Parmi eux, au départ de Dublin, Katie Ascough qui s'amuse du cliché associant jeune à libéral et qui est devenue, à 21 ans, l'une des égéries de la campagne contre l'avortement.
"Notre génération en sait plus que n'importe quelle autre sur le développement d'un bébé par rapport aux années 60 quand le Royaume Uni a légalisé l'avortement", explique-t-elle en citant les progrès techniques qui appellent selon elle à la protection de la vie dès la conception.
Les militants qui sillonnent le pays avec leur caravane veulent occuper le terrain et diffuser le plus largement leur message, statistiques à l'appui sur le nombre d'avortements pratiqué chaque année au Royaume Uni et sur les risques d'une dérive de la législation irlandaise.
"Les gens sont mal informés", regrette Katie Duffy, 28 ans, qui a rejoint l'un des tours d'Irlande en bus et qui tracte dans les rues des villes qu'elle traverse.
Cette bénévole auprès de personnes handicapées craint que la légalisation de l'avortement n'amène à une sélection, détruisant ainsi une "culture" spécifique à l'Irlande d'après elle où l'on "considère davantage le potentiel que le handicap".
Les partisans du "Non" pointent aussi régulièrement une volonté de libéraliser l'Irlande qui serait véhiculée par les médias traditionnels qu'ils jugent biaisés, les accusant de collusion avec les Pro-choix.
Et alors qu'une majorité d'élus irlandais semble désormais du côté d'un accès plus large à l'IVG, les Pro-vie ferraillent contre l'establishment, affichant régulièrement le slogan "Rejoignez la rébellion".
La récente décision de Google de bannir de ses sites toute publicité relative au référendum d'ici le vote a renforcé leur soupçon, puisque les Pro-vie utiliseraient davantage les annonces en ligne, ce qui les a conduits à qualifier la campagne de "pipée".
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