Seul l'institut de sondages Datanalisis prévoit les deux candidats à égalité. Delphos attribue 43% d'intentions de vote au président sortant contre 24% pour son rival, tandis qu'Hinterlaces lui donne une plus large avance encore, à 52% contre 22% pour Falcon.
L'élection se déroule sous l'oeil méfiant d'une grande partie de la communauté internationale, qui a prévenu qu'elle ne reconnaîtrait pas les résultats, estimant comme l'opposition que le scrutin n'est ni libre ni transparent.
- Maduro réélu avec une abstention forte
C'est le scénario le plus probable pour les analystes, compte tenu de la lassitude de l'électorat et de l'appel au boycott de la grande coalition d'opposition, la Plateforme de l'unité démocratique (MUD).
Dans ce cas, "de nouvelles sanctions viendront, non seulement des Etats-Unis contre le secteur pétrolier, mais aussi de l'Union européenne et de pays latinoaméricains", explique à l'AFP l'analyste Diego Moya-Ocampos, du cabinet britannique IHS Markit.
Washington a un bon moyen de pression car il achète un tiers de la production vénézuélienne de brut, de 1,5 million de barils par jour. Or le Venezuela, qui tire 96% de ses revenus du pétrole, est déjà classé en défaut partiel, de même que son groupe pétrolier PDVSA.
Cela aggraverait donc le naufrage économique du pays, qui devrait terminer 2018 sur une inflation de 13.800% et une chute du PIB de 15%, selon le FMI.
"Un nouveau mandat de Maduro, considéré comme illégitime, n'aura pas de marge de manoeuvre, ni en finances internationales, ni en diplomatie", estime Andrés Cañizalez, chercheur en communication politique.
- Maduro réélu sur des soupçons de fraude
Il est également probable qu'Henri Falcon dénonce des fraudes. "Tout est conditionné pour que le gouvernement manipule le processus et on peut penser que le résultat pourrait être trafiqué", estime le politologue Luis Salamanca.
La réaction internationale pourrait être plus sévère en conséquence, avec "des sanctions contre de hauts fonctionnaires, voire leurs familles aussi, le gel de biens dans différents pays, un embargo financier sur PDVSA depuis les Etats-Unis", selon M. Cañizalez.
L'analyste Juan Manuel Rafalli n'exclut pas une victoire de Falcon, mais "le problème est que celle-ci ne va pas être reconnue" par les autorités vénézuéliennes, qui préféreront annoncer la réélection de Maduro.
Le président de Datanalisis, Luis Vicente Leon, redoute que le pays devienne alors "une autocratie, beaucoup plus répressive y compris dans les rangs du chavisme", avec le risque d'une "implosion" en cas de sanctions fortes.
Plusieurs experts estiment que l'Assemblée constituante pourrait alors implanter un système de parti unique comme à Cuba.
- Falcon perd mais avec un résultat acceptable
Le rival de Maduro affronte un gouvernement "en position de force" dans la campagne, donc "il est peu probable qu'il gagne", souligne M. Moya-Ocampos.
Le politologue Michael Penfold note qu'Henri Falcon n'a réussi à mobiliser ni les partisans de l'opposition ni les chavistes déçus.
"Il lutte contre un environnement hautement abstentionniste", observe M. Salamanca.
Mais, au sein d'une opposition fortement divisée, Henri Falcon pourrait, en perdant mais avec un résultat honorable, devenir, selon M. Cañizales, le nouveau "référent politique" du camp anti-Maduro pour les élections suivantes.
"Cela dépendra de combien de votes remporte Falcon pour qu'il soit vu par Maduro comme l'opposition avec qui il va s'entendre, l'interlocuteur du gouvernement, ce qui provoquerait plus de conflit au sein de la MUD", estime Luis Salamanca.
- Falcon gagne et sa victoire est reconnue
C'est peu probable, sauf si la population vote massivement, selon plusieurs experts. Et si le troisième candidat, le pasteur évangélique Javier Bertucci, se retire pour lui dégager la voie.
S'il gagne, "le pays entrerait rapidement dans un processus de transition politique et économique", prédit Michael Penfold.
Pour Luis Vicente Leon, la crainte de sanctions chez les chavistes pourrait faire pression pour une reconnaissance de la victoire de Falcon.
Et la communauté internationale soutiendrait une négociation de tous les secteurs politiques pour permettre un gouvernement de transition.
A l'inverse, la MUD sortirait perdante après avoir "misé sur l'abstention", selon M. Cañizales.
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