Le petit parti Candidature d'unité populaire (CUP) demande à ses militants s'ils veulent que les quatre députés de cette formation anti-capitaliste s'abstiennent lundi au second tour d'investiture de Quim Porra, le candidat choisi par l'ex-président Puigdemont depuis son exil pour poursuivre son bras de fer avec Madrid. Leur décision est attendue dans l'après-midi.
L'abstention de la CUP permettrait à M. Porra de se faire élire à la majorité simple, avec les 66 voix des deux grands partis indépendantistes. Le résultat de 66 voix contre 65 n'a pas suffi au premier tour samedi, où la majorité absolue était requise.
Si elle vote contre, sa candidature échouera et les séparatistes n'auront plus qu'une semaine pour s'entendre sur un nouveau candidat et l'élire d'ici le 22 mai, faute de quoi de nouvelles élections seront automatiquement convoquées.
La CUP pourrait être tentée par ce scénario car un sondage publié vendredi lui prédit 11 sièges en cas de retour aux urnes.
L'ironie veut que c'était la CUP qui avait permis à M. Puidgemont d'accéder à la président de la région en 2016 quand elle a refusé de reconduire dans ses fonctions le président sortant Artur Mas.
Le petit d'extrême-gauche, qui attire les voix des jeunes, exige une rupture immédiate avec l'Etat espagnol. Le discours d'investiture de Quim Torra était fait pour lui plaire.
Il a promis de rétablir des lois catalanes suspendues ou annulées par la justice, de lancer la rédaction de la Constitution de la future république catalane, et de favoriser le retour au pouvoir de Carles Puigdemont, "le président légitime".
L'ex-président, poursuivi en Espagne pour rébellion, est en liberté provisoire en Allemagne, où un tribunal doit se prononcer sur son extradition.
"Je veux qu'il soit bien clair que notre président est Carles Puigdemont, nous serons loyaux au mandat du 1er octobre de construire un Etat indépendant", a déclaré Quim Torra.
Le 1er octobre dernier, quelque deux millions de Catalans (sur un total de 5,5 millions d'électeurs) ont voté pour l'indépendance dans un référendum d'autodétermination interdit par Madrid.
Quand, le 27 octobre, les députés séparatistes du parlement catalan ont proclamé l'indépendance, le gouvernement espagnol a destitué l'exécutif catalan et convoqué des élections en décembre où les séparatistes ont conservé une faible majorité. Il gouverne directement la Catalogne qui ne retrouvera son autonomie que si elle forme un gouvernement.
Après un succès inattendu dans ce scrutin, M. Puigdemont a prétendu se faire réélire président depuis son exil. Mais, bloqué par les tribunaux, il a fini par se résigner à passer le témoin, sans renoncer à son influence politique.
D'où son choix de Quim Torra, sans expérience de gouvernement mais sans autre allégeance qu'à lui.
L'opposition catalane et le gouvernement espagnol ont vivement critiqué le candidat.
"Vous avez accepté d'être un président temporaire et par délégation" de Carles Puigdemont, lui a reproché le chef du parti socialiste catalan Miquel Iceta.
"Je ne sais pas si vous serez président de la Generalitat (le gouvernement catalan) mais vous ne pourrez jamais être celui de tous les Catalans", lui a lancé Inès Arrimadas, chef des libéraux de Ciudadanos en Catalogne, où ils forment le plus gros parti.
Dans un communiqué cinglant, le gouvernement a qualifié de "sectaire et porteur de division" le discours de M. Torra, l'accusant "de faire primer l'intérêt personnel d'un individu sur l'intérêt général de tous les citoyens" en se faisant le porte-drapeau de Carles Puigdemont.
Le chef du gouvernement Mariano Rajoy lui a déjà averti que l'article 155 de la Constitution, utilisé pour mettre la Catalogne sous tutelle, "pourrait resservir au besoin" si le prochain exécutif catalan ne respectait pas la loi.
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