Yahya Sinouar, à la tête du Hamas dans la bande de Gaza, a donné sa première conférence de presse aux journalistes étrangers jeudi, avant une manifestation majeure prévue le long de la frontière entre l'enclave palestinienne et Israël pour coïncider avec le transfert de l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem le 14 mai.
Le Hamas, bête noire d'Israël qui le considère comme un mouvement "terroriste", n'abandonnera pas les armes, a assuré M. Sinouar, tout en soulignant soutenir pleinement les manifestations qui ont lieu près de la barrière de sécurité séparant Gaza et Israël.
Depuis le 30 mars, des milliers de Palestiniens se rassemblent le long de la frontière pour revendiquer le droit des Palestiniens à retourner sur les terres dont ils ont été chassés ou qu'ils ont fuies à la création d'Israël en 1948 et dénoncer le sévère blocus israélien.
Certains lancent des pierres ou des engins incendiaires vers les soldats israéliens postés le long de la frontière. Mais quasiment aucun coup de feu n'a été tiré côté palestinien.
En revanche, des dizaines de Palestiniens ont été tués par des tirs des soldats israéliens postés à la barrière depuis le 30 mars. Il n'y a pas eu de victimes israéliennes.
Israël assure défendre ses frontières et ne tirer à balles réelles qu'en dernier ressort.
"Si nous avons les moyens de résoudre le conflit en évitant les morts, nous sommes partants", a dit M. Sinouar dont le mouvement contrôle la bande de Gaza depuis 2007.
"Vache sacrée"
Pour Jamal al-Fadi, professeur de sciences politiques à Gaza, le Hamas cherche à recentrer l'attention sur le blocus imposé depuis plus de dix ans par Israël à l'enclave palestinienne, sans risquer une autre guerre.
Depuis 2008, Israël a livré au Hamas trois guerres qui ont infligé de lourdes destructions à Gaza. Des responsables israéliens ont menacé de destructions encore plus vastes en cas de quatrième guerre.
"Le Hamas a recours aux manifestations pacifiques parce que les autres options lui coûteraient trop cher", explique M. Fadi. "Si les protestations sont pacifiques, l'opinion internationale adhère à la cause palestinienne".
Officiellement, la protestation émane de la société civile. Mais le Hamas la soutient ouvertement et nombre de ceux qui ont péri appartenaient à sa branche armée.
La mobilisation devrait culminer autour des 14 et 15 mai. Des milliers de manifestants palestiniens sont attendus le long de la frontière et pourraient tenter de forcer la barrière.
Un scénario validé par Yahya Sinouar, malgré les risques d'affrontements.
"La barrière n'est pas une vache sacrée ou un tabou auquel personne ne pourrait toucher", a-t-il dit. "Quel est le problème si des centaines de milliers de personnes forcent le passage à travers une barrière qui n'est pas une frontière?"
"Une intifada"
Israël, accusé d'imposer une punition collective aux deux millions d'habitants de l'enclave, justifie le blocus par la nécessité de contenir le Hamas, soutenu par l'Iran, ennemi juré d'Israël.
Le Hamas possède un important arsenal militaire mais, depuis quelques années, il est de plus en plus isolé.
Des pays du Golfe, l'Arabie saoudite en tête, semblent avoir assoupli leurs positions vis-à-vis d'Israël, davantage préoccupés par l'expansion iranienne. Le Qatar, un autre soutien du Hamas, est aujourd'hui ostracisé par ses voisins.
La question palestinienne semble reléguée au second plan dans les capitales arabes. Et Israël jouit avec Donald Trump de l'administration américaine peut-être la plus favorable de son histoire.
Depuis qu'il en a pris la tête en 2017, Yahya Sinouar cherche à redonner au Hamas une position stratégique, en vain jusqu'à présent.
Le mouvement a adapté sa charte fondatrice en cherchant à atténuer le ton belliqueux et antisémite. Mais son but reste "de libérer la Palestine", et pour lui "la résistance" demeure "un droit légitime".
D'après Mukhaimer Abou Saada, professeur de sciences politiques à l'université d'Al Azhar de Gaza, le Hamas réalise que la résistance armée est actuellement "inutile".
Mais il n'est pas certain que le mouvement puisse un jour réellement adopter une stratégie pacifique "car certains éléments n'ont pas abandonné la résistance armée".
M. Sinouar lui-même est issu de la branche armée du Hamas. Il a d'ailleurs promis la poursuite de la mobilisation: "C'est une Intifada pour le droit au retour. Cela peut se poursuivre jusqu'à ce que nous obtenions nos droits".
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