"Depuis trois législatures, les corrompus nous jouent la même comédie pour garder la main sur le pays, maintenant c'est un devoir national de les chasser", assure Ahlam Hamza, institutrice de 30 ans à Hilla, dans la province de Babylone, au sud de Bagdad.
Et ce qu'Ahlam et les autres reprochent d'abord aux députés sortants c'est le fait qu'ils ont, selon de nombreux électeurs, la mauvaise habitude de confondre en toute impunité leurs poches avec celles de l'Etat, dans un pays classé 12è le plus corrompu au monde.
Taher Mahmoud, retraité de 56 ans, vote à Bassora, la province chiite la plus riche en pétrole et la seule ouverte sur la mer. Mais dans cette région, les infrastructures sont délabrées quand elles ne sont pas absentes. Quant au pétrole, les habitants disent n'en voir que la pollution et les torchères en feu mais pas l'argent qu'il génère.
"On ne va pas laisser les corrompus garder le pouvoir parce qu'ils ne travaillent pas pour l'intérêt général mais pour le leur et ceux de leurs partis", s'emporte Taher Mahmoud. "Le peuple doit se réveiller et voter pour des gens meilleurs", exhorte-t-il, à la sortie d'un bureau de vote.
La semaine dernière déjà, le représentant du grand ayatollah Ali Sistani, la plus haute autorité religieuse chiite d'Irak avait appelé dans son sermon du vendredi au changement. Lors de ce prêche, il a appelé les Irakiens à faire leur choix "en conscience" pour sortir "les corrompus et les incapables".
Mais comment choisir de nouveaux visages --qui sont nombreux mais "pas la majorité" selon un haut responsable de la commission électorale-- lorsque les têtes de listes, souvent des vétérans de la politique, sont assurés d'être élus en vertu du scrutin proportionnel ?
'Pour leur richesse personnelle'
"Les requins de la corruption continuent à nous étouffer en revenant comme têtes de liste", déplore ainsi Ahmed Nasser, retraité de 65 ans à Hilla. "Mais nous, on veut du changement parce que ceux-là ne nous ont rien apporté, sinon la corruption et le chaos", dénonce-t-il encore.
En plus de choisir une liste, les électeurs doivent cocher n'importe quel candidat dessus, mais c'est souvent dans les queues de liste que se trouvent les nouveaux en politique. Et autant dire qu'ils ont peu de chances d'être élus.
Cela n'a pas empêché Abdallah al-Obeïdi, rencontré à la sortie d'un bureau de vote de la ville multi-ethnique de Kirkouk, au nord de Bagdad, d'avoir "choisi un nouveau candidat". "Je l'ai fait parce que j'en ai assez des anciennes têtes", lance cet électeur de 55 ans à l'AFP.
"On veut quelqu'un qui soit honnête avec nous, pas quelqu'un qui est seulement là pour augmenter sa richesse personnelle", accuse de son côté Omar al-Doulaïmi, chômeur de 27 ans, qui vote dans la province sunnite d'Anbar, la dernière à avoir été reprise au groupe jihadiste Etat islamique fin 2017.
Oum Zineb, femme au foyer de 45 ans qui vote à Bagdad, elle aussi ne veut qu'une seule chose: "des élus compétents pour servir le pays, qu'ils soient communistes, religieux, laïques, le plus important c'est qu'ils se préoccupent du pays et se soucient du peuple", dit-elle à l'AFP.
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