Empêché par la justice de diriger de nouveau la Catalogne, M. Puigdemont s'est résigné à passer le témoin sans toutefois renoncer à son influence politique ni au défi lancé au gouvernement espagnol avec la déclaration d'indépendance -avortée- du 27 octobre.
D'où le choix de "Quim" Torra, 55 ans, un novice en politique, qui n'a pas fait allégeance à un parti mais est décidé comme lui à poursuivre le bras de fer engagé avec Madrid.
"C'est un positionnement clair pour la ligne dure... pour la branche de l'indépendantisme peu encline à la normalisation politique", a commenté Oriol Bartomeus, un professeur de Sciences politiques de l'Université autonome de Barcelone.
"C'est une personne très loyale à Puigdemont et à la frange la plus radicale de l'indépendantisme (...) Un profil qui s'apparente à celui d'un prête-nom", a renchéri l'analyste Antonio Barroso, du cabinet de consultants Teneo Intelligence.
Le débat d'investiture devait s'ouvrir à la mi-journée et pourrait culminer lundi avec l'élection de ce dernier à une courte majorité.
Quim Torra peut compter sur 66 voix pour -65 se prononceront contre-, mais doit s'assurer de l'abstention des quatre députés du parti indépendantiste d'extrême gauche Candidature d'unité populaire (CUP), qui ne voulait voter que pour Carles Puigdemont.
Son profil pourrait servir à convaincre ce petit parti radical, qui doit arrêter sa position dimanche, mais il a provoqué la colère de l'opposition anti-indépendantiste.
"C'est le candidat le plus radical que pouvait trouver Puigdemont et le seul qui ait accepté volontairement d'être sa marionnette", a lancé Inès Arrimadas, la dirigeante du parti de centre droit Ciudadanos, qui a obtenu le plus de voix aux dernières élections régionales.
S'il réussit à être investi, la Catalogne récupèrera son autonomie après des mois de blocage politique. Madrid a placé la région sous tutelle fin octobre, après avoir destitué M. Puigdemont et son gouvernement dès la déclaration unilatérale d'indépendance et convoqué de nouvelles élections.
Avertissement de Madrid
A dix jours de l'expiration du délai pour former un gouvernement, le 22 mai, Carles Puigdemont a accepté de céder la place pour éviter un nouveau retour aux urnes.
Dans un entretien télévisé vendredi, Quim Torra a promis de rétablir les orientations politiques et les organismes supprimés par le gouvernement espagnol quand il a pris le contrôle de la région et d'entamer la rédaction de la Constitution de la future république catalane.
Il s'est engagé, comme le lui a demandé M. Puigdemont, à respecter le mandat donné par le référendum d'autodétermination illégal du 1er octobre, au cours duquel quelque deux millions de Catalans (sur un total de 5,5 millions d'électeurs) ont voté pour l'indépendance.
Tandis que Quim Torra sera chargé de la "gouvernance intérieure", Carles Puigdemont sera le "président en exil" à la tête d'un "conseil de la République".
"La seule possibilité que j'envisage est d'obéir au parlement catalan", a répondu le candidat lorsqu'on lui a demandé s'il désobéirait à Madrid.
L'avertissement de Madrid n'a pas tardé.
Le chef du gouvernement Mariano Rajoy a rappelé que l'article 155 de la Constitution, auquel il a recouru en octobre pour mettre la Catalogne sous tutelle "pourrait resservir au besoin" si le prochain exécutif catalan ne respectait pas la loi.
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