L'Iran semble déterminé à ne pas se laisser entraîner dans un conflit ouvert avec Israël, son ennemi juré, qui s'était félicité du retrait américain de cet accord --qu'il juge insuffisant pour empêcher Téhéran de se doter de l'arme nucléaire-- ainsi que du rétablissement des sanctions américaines.
Dans une poussée de fièvre inédite, Israël a mené jeudi des dizaines de raids aériens meurtriers contre des cibles "iraniennes" en Syrie, en disant riposter à des tirs de roquettes "iraniennes" en provenance du territoire syrien contre la partie du plateau du Golan occupée par l'Etat hébreu.
En Syrie, voisine d'Israël, l'Iran soutient militairement le régime de Bachar al-Assad dans sa guerre contre les rebelles et les jihadistes. Mais Israël proclame qu'il ne permettra pas à Téhéran de se servir de la Syrie comme tête de pont contre lui.
Influence "déstabilisatrice de l'Iran"
La Maison Blanche a critiqué vendredi l'influence "déstabilisatrice" de l'Iran à travers le Moyen-Orient, condamnant dans un même communiqué les roquettes tirées sur Israël et les missiles balistiques ayant visé l'Arabie saoudite depuis le Yémen cette semaine.
"Cette semaine, l'(armée d'élite iranienne) a tiré des roquettes sur des citoyens israéliens et des agents de l'Iran au Yémen ont lancé un missile balistique vers Ryad", a relevé la porte-parole de l'exécutif américain dans un communiqué. "Il est temps que les nations responsables impriment une pression sur l'Iran afin qu'il change ce comportement dangereux".
Vendredi, dans une première réaction aux frappes, l'Iran a démenti la version israélienne. "Les attaques répétées du régime sioniste contre le sol syrien ont été menées sous des prétextes inventés qui sont sans fondement", a dit le ministère des Affaires étrangères.
Dès jeudi, le président iranien Hassan Rohani avait joué l'apaisement, même s'il n'avait pas mentionné l'escalade en Syrie. Il avait souligné que son pays ne voulait pas de "nouvelles tensions" dans la région.
Après ses visites à Pékin et Moscou, le chef de la diplomatie iranienne Mohammed Javad Zarif tiendra une réunion mardi à Bruxelles avec la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini et ses homologues allemand, français et britannique.
L'accord conclu en 2015, duquel les Etats-Unis se sont retirés mais que continuent de défendre les autres signataires --France, Russie, Chine, Royaume-Uni et Allemagne-- vise à faciliter les échanges commerciaux avec l'Iran et à relancer son économie, en levant de lourdes sanctions internationales en échange d'un engagement de Téhéran à limiter ses activités nucléaires et à ne jamais chercher à obtenir la bombe atomique.
Manifestation contre l'ennemi "iranien"
Son application est vérifiée par l'Agence internationale de l'énergie atomique, dont le chef des inspecteurs a démissionné vendredi.
Un porte-parole de l'agence onusienne basée à Vienne n'a pas donné de raison au départ de Tero Varjoranta, intervenu après que la Maison Blanche a affirmé que les inspections de sites nucléaires iraniens devaient se poursuivre en dépit du retrait des Etats-Unis.
En Iran, les ultraconservateurs se sont mobilisés contre toute concession aux Européens, et des milliers de personnes ont manifesté à Téhéran contre l'accord nucléaire en brûlant des drapeaux américains et en lançant des slogans anti-israéliens.
De leur côté, environ 200 religieux juifs se sont réunis vendredi matin à l'appel de rabbins devant le mur des Lamentations à Jérusalem pour une prière "contre l'ennemi" iranien.
Au lendemain de l'escalade, les forces israéliennes étaient en état d'alerte maximum dans le nord du pays.
Et de l'autre côté de la frontière, les forces syriennes, iraniennes et du Hezbollah libanais, une autre bête noire d'Israël, étaient également en alerte maximale, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
Selon des analystes, Israël a le sentiment d'avoir le feu vert de Washington pour agir de manière plus agressive contre la présence iranienne en Syrie, surtout après le retrait américain de l'accord nucléaire.
L'Iran, disent les experts, se trouve dans une position délicate: il veut montrer sa fermeté face aux Etats-Unis et à Israël, mais en même temps il a besoin du soutien des Européens pour préserver l'accord et les maigres gains économiques.
"L'administration Rohani aurait intérêt à sauver ce qui peut encore l'être de cet accord, en discutant avec l'Europe, les Russes et les Chinois, et donc à essayer plus ou moins de maîtriser l'escalade en Syrie, et de ne pas aller trop loin dans les ripostes", explique à l'AFP Karim Emile Bitar, directeur de recherches à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques.
De son côté, le président russe Vladimir Poutine, qui défend l'accord, a multiplié les contacts, s'entretenant notamment avec la chancelière allemande Angela Merkel après le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Selon Yossi Mekelberg, du centre de réflexion Chatham House à Londres, Moscou "n'est pas contente que l'Iran acquière trop de pouvoir, trop d'influence" en Syrie.
Les frappes israéliennes, dit-il, ont probablement été menées avec l'accord tacite russe.
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