La ministre des Transports Elisabeth Borne, boudée par les syndicats depuis trois semaines, a repris langue avec l'Unsa (2e syndicat de la SNCF) et la CFDT (4e), venus lui présenter vendredi matin leurs amendements à la réforme ferroviaire, qui doit être discutée fin mai au Sénat.
Ni la CGT cheminots, le premier syndicat de l'entreprise, ni SUD Rail (3e) n'ont répondu à l'invitation de Mme Borne.
"Nous avons commencé un travail très précis dans un échange que l'on peut qualifier de négociation. On est vraiment dans l'ouverture d'une négociation aujourd'hui, on peut le dire", a commenté le secrétaire général adjoint de la CFDT Cheminots, Sébastien Mariani.
Mme Borne était "disposée à discuter", a-t-il ajouté auprès de AFP, tout en jugeant "prématuré" de "parler d'avancées".
Reçue après la CFDT, l'Unsa a qualifié la réunion d'"intéressante" mais "continue la mobilisation" en attendant de voir ce qui sera retenu in fine de ses propositions. Cette "pression qu'on met sur le ministère, c'est un des leviers pour faire bouger les choses", a relevé Roger Dillenseger, secrétaire général de l'Unsa ferroviaire.
"On a deux organisations syndicales qui souhaitent être forces de proposition", a indiqué Elisabeth Borne à l'AFP, ajoutant que "les échanges vont se poursuivre dans les prochains jours".
Les discussions portent non seulement sur les amendements, mais aussi sur les futures négociations au sein de la branche ainsi que sur le financement du secteur ferroviaire, a-t-elle précisé.
D'ici le passage au Sénat, le 23 mai en commission et le 29 dans l'hémicycle, le Premier ministre Edouard Philippe doit aussi dire comment il compte reprendre une partie de la colossale dette de la SNCF et annoncer davantage d'investissements pour rénover le réseau. De quoi rassurer les élus et les organisations syndicales.
"Nous vivons un moment charnière", a estimé le patron de la SNCF Guillaume Pepy.
une grève à "plus de 300 millions"
Dans une interview au Parisien, il s'est adressé directement à ses clients, alors que la grève lancée deux jours sur cinq depuis début avril doit reprendre dimanche pour le 9e épisode.
"Ces grèves à répétition sont déjà ultra-pénalisantes pour les salariés modestes qui n'ont pas de voiture, pour les plus fragiles comme les chômeurs, les gens qui ont des handicaps mais aussi pour les étudiants", a-t-il déclaré.
"Voilà pourquoi nous n'avons jamais fait autant pour accompagner nos clients dans cette période", a ajouté le responsable.
Assurant que la SNCF allait garantir les trains pour les étudiants qui passent leurs examens et ceux menant aux grandes manifestations du printemps --il cite le festival Solidays--, Guillaume Pepy a lancé "une opération de reconquête" des voyageurs.
D'où "des gestes commerciaux": 3 millions de billets de TGV à petits prix jusqu'à la fin de l'été et une promotion sur les cartes de réductions.
Guillaume Pepy a également indiqué sur franceinfo vendredi que la SNCF garantirait la circulation les jours de grève, jusqu'au 31 mai, des TGV et Intercités qui sont ouverts à la vente (au lieu du 17 mai jusqu'à présent).
Selon lui, la grève, entamée début avril, "va coûter probablement plus de 300 millions d'euros, y compris les mesures commerciales" annoncées.
Côté cheminots, à partir de lundi et pendant une semaine, à l'initiative de l'intersyndicale, les cheminots vont pouvoir dire s'ils sont "pour ou contre" la réforme du secteur ferroviaire du gouvernement.
Cette "vot'action", à un moment où la grève est moins suivie, n'aura "aucune" légitimité, le Parlement ayant seul le pouvoir de décider, a rappelé M. Pepy.
La veille, la ministre du Travail Muriel Pénicaud avait souligné que pour cette réforme qui concerne "tous les Français", "les décisions se prennent au Parlement avec le gouvernement".
Les syndicats ont aussi appelé à une "journée sans cheminots et sans trains" lundi. Ce que la direction traduit par "une grosse journée de grève", non sans craindre quelques actions coups de poing.
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