Les avocats de Rouen (Seine-Maritime) et certains magistrats se plaignent régulièrement de ce box en verre, installé dans la salle correctionnelle du tribunal depuis 2016. Lundi 7 mai 2018, lors du procès de l'un de ses clients, Julia Massardier décide de passer à l'action. L'avocate plaide depuis ce box pour que son client soit jugé directement à la barre et développe ses arguments : "cette cage pose une présomption de dangerosité pour les prévenus et donc une présomption de culpabilité. Inconsciemment tout le monde peut avoir cette impression, y compris le tribunal", assure-t-elle.
"On a l'impression d'être un animal"
L'avocate pointe aussi du doigt une atteinte à la dignité pour les prévenus qui comparaissent dans ce box. "On a vraiment l'impression d'être un animal lorsque l'on est à l'intérieur", explique-t-elle pour l'avoir expérimenté lors de sa plaidoirie. Elle considère enfin que cela pose un problème de communication entre l'avocat de la défense et son client, mais aussi avec le reste de la salle. "On entend très mal. Parfois le prévenu ne peut même pas entendre la peine qui est prononcée à son encontre. Cela nuit à la pédagogie de l'audience".
Quant à l'argument de la sécurité qui a été mis en avant pour la construction de ces box, prévus dans tous les tribunaux de France, Julia Massadier ne le juge pas recevable. "On n'a même pas de box de ce type pour la cour d'assises où des faits plus graves sont jugés. Les prévenus libres ne sont d'ailleurs pas forcément moins susceptibles d'être dangereux". Et d'ajouter que sur "700 000 affaires jugées au pénal en 2016, seul 80 incidents ont été à déplorer, la plupart en dehors de la salle d'audience".
La concertation s'engage à Rouen
Au mois de décembre 2017, le défenseur des droits a estimé que ces box représentaient effectivement une atteinte aux droits de la défense, une atteinte à la présomption d'innocence et étaient contraires au droit européen. Depuis, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a suspendu les travaux dans les tribunaux qui n'en étaient pas encore équipés.
Des discussions s'engagent désormais à Rouen (Seine-Maritime) pour envisager de démonter ce box de verre. Mercredi 9 mai 2018, la présidente a accepté de laisser comparaître à la barre deux prévenus qui devaient en principe être jugés depuis le box.
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