Depuis son retour en 2014 dans la cité phocéenne pour diriger le Grand port maritime de Marseille (GPMM), premier de France avec 160 millions d'euros de chiffre d'affaires, Christine Cabau Woehrel ne se lasse pas d'admirer la Méditerranée. Deux ans plus tôt, la quinquagénaire avait dû quitter le quartier populaire d'Endoume où elle avait toujours vécu, pour prendre les rênes du port de Dunkerque.
Cette nomination, Mme Cabau s'en étonne encore tant son profil était à contre-courant des carrières habituellement recherchées pour diriger ces établissements d'Etat. "Je ne cochais aucune case. Je n'ai pas fait de grande école, je n'avais pas fait ma carrière dans le public et je suis une femme", énumère la brune quinquagénaire qui a en poche un diplôme de traductrice trilingue anglais-allemand-français.
"Être une femme a été positif et déterminant pour ma nomination", admet toutefois la dirigeante, qui rêvait étudiante de parler toutes les langues du monde: "Si j'avais connu les critères, je ne me serais pas donné une seule chance de candidater. Comme quoi, il faut toujours tenter sa chance".
Dans le Nord, elle apprend le fonctionnement d'un établissement public, dont elle ignorait tout après une carrière exclusivement passée dans le privé.
"Il ne faut pas lâcher!"
Cette fille d'une secrétaire de direction et d'un chanteur d'opéra, a débuté sa carrière à 23 ans à la CMA-CGM, PME marseillaise qui deviendra l'un des plus gros groupes de transport maritime au monde, pour un petit boulot en intérim comme secrétaire. Elle y passera finalement 24 années "excitantes" à voyager à travers le monde comme directrice des lignes Asie et Golfe Persique et suivra l'ascension de l'entreprise en devenant membre du comité exécutif jusqu'en avril 2011.
Elle qui n'avait pas jamais pris de cours d'économie apprend sur le tas à faire tourner des paquebots, remplir les carnets de commandes et se rend pour son premier voyage au Yémen signer des contrats. "Une marque de confiance", estime cette petite-fille d'un "transitaire" chargé de faire le lien entre les armateurs et les entreprises désireuses d'exporter leurs produits.
"Sans doute" a-t-elle été victime de misogynie, mais cette mère de deux enfants qui a toujours évolué dans un milieu physique où les femmes se font rares, "ne s'en souvient pas". "C'est possible de réussir, il ne faut pas lâcher!", enjoint d'une voix assurée la directrice qui quittera la CMA-CGM pour une brève expérience de consultante dans le transport.
"Dure en négociation, mais pas fermée au dialogue", juge un responsable syndical, la directrice peut se targuer de "bons résultats dans le transit de conteneurs (+10% d'activité NDLR)", souligne le syndicaliste.
Elle assure ne pas avoir perdu le contact avec les docks situés au pied de son bureau où transitent chaque année 81 millions de tonnes de marchandises. De là, cette admiratrice de paquebots majestueux ne se lasse pas de regarder les bateaux partir au large, même si elle confesse ne pas avoir le pied marin.
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