Face aux tensions sur place, l'université de Nanterre a annoncé le report des partiels qui étaient prévus vendredi et samedi à la Maison des examens d'Arcueil (Val-de-Marne), tout en "condamnant" et en "déplorant" l'action des bloqueurs.
Haut lieu de la mobilisation contre la loi sur l'accès à l'université et bloquée depuis trois semaines, la fac des Hauts-de-Seine avait pris acte de l'impossibilité d'organiser des partiels sur son campus et décidé d'en délocaliser une partie à Arcueil afin de permettre aux étudiants de valider leur semestre.
Mais devant le centre d'examen, des manifestants s'étaient positionnés très tôt devant les grilles du site pour en bloquer les accès et empêcher les étudiants de se rendre aux épreuves qui devaient commencer à 09H00, a constaté une journaliste de l'AFP.
Présentes sur place, les forces de l'ordre ont tiré des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser les manifestants et libérer l'accès aux bâtiments. A quelques dizaines de mètres de là, sur le quai du RER B, des étudiants leur lançaient des slogans hostiles: "Cassez-vous, cassez-vous!"
De temps à autre, des étudiants tentaient de forcer le passage ou d'entamer des négociations avec les bloqueurs qui formaient une chaîne devant la rangée de CRS et qui ont reçu, sur place, le soutien du député La France insoumise Éric Coquerel.
"Ca nous révolte. Je comprends leur manifestation, leurs revendications, mais bloquer la Maison des examens, des étudiants... On est ballotés de tous côtés, on s'est fait gazés", s'emportait de son côté Sabrina, étudiante en première année de Droit.
L'annonce de l'annulation a été saluée sur place par les bloqueurs. "C'est une victoire et une preuve que la mobilisation peut payer (...) En se mobilisant à plus grosse échelle on peut obtenir le retrait de la loi", a dit à l'AFP l'un d'entre eux, Adrien, étudiant en droit social à Nanterre.
D'autres ont toutefois laissé éclater leur colère après le report des examens.
"C'est du foutage de gueule, je suis dégoûtée", a dit Andrea, étudiante en 2e année de droit. "J'aimerais bien réserver mes vacances, trouver un boulot mais c'est pas possible car on n'a pas les dates. Dans les autres filières il y a eu des aménagements, pour nous rien", a-t-elle déploré.
Après le report, la faculté de Nanterre a dit étudier les "modalités possibles" pour de nouveaux partiels.
Assis sur les trottoirs qui bordent la Maison des examens, de nombreux étudiants affichaient un air désabusé. "On veut juste passer nos partiels", explique Cécile, étudiante en droit.
"Inadmissible"
Avant même l'annonce du report, le gouvernement avait vivement dénoncé l'action des bloqueurs à Arcueil.
Sur Twitter, la ministre de l'Enseignement Supérieur Frédérique Vidal a ainsi jugé "inadmissible qu'une minorité puisse vouloir empêcher la majorité des étudiants de Nanterre de passer leurs examens".
"Opposer la liberté de manifester à la liberté d'étudier n'est pas tolérable dans un État de droit", a tweeté le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.
La mobilisation d'Arcueil a, par ailleurs, divisé les syndicats étudiants.
Selon Jimmy Losfeld, président de la Fage, premier syndicat étudiant et soutien de la réforme, les pouvoirs publics doivent "mettre tout en oeuvre pour que les examens aient lieu".
En revanche, Lilâ le Bas, la présidente de l'Unef (opposé à la loi Vidal), estimait que l'université de Nanterre est "la seule responsable de ce qui se passe ce matin" et déplorait que les revendications des opposants ne soient pas entendues.
Nanterre fait partie des universités entièrement bloquées par les opposants à la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE), accusée d'instaurer un système de sélection et au coeur d'une mobilisation de plusieurs universités en France.
Selon le ministère, deux universités restaient bloquées jeudi (Rennes-2 et Nanterre) et cinq perturbées (Limoges, Nantes, Marseille, Sorbonne Université et Paris-8). Au cours des dernières semaines, la police est intervenue pour lever les blocages à Tolbiac (Paris), Montpellier et Toulouse.
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