Cette annonce spectaculaire intervient au lendemain de l'intronisation de Mahathir, devenu à 92 ans le dirigeant élu le plus vieux au monde, dans la foulée de la victoire sans appel de sa coalition d'opposition face au Barisan Nasional (Front national, BN), qui dirigeait l'ex-colonie britannique depuis son indépendance en 1957.
Excédé par l'énorme scandale de détournements de fonds dans lequel est empêtré l'ex-Premier ministre Najib Razak, Mahathir avait rejoint l'opposition et pris la tête d'une coalition formée de nombreux politiciens qui s'étaient opposés à lui du temps où il était un autoritaire chef du gouvernement (1981-2003).
L'aspect le plus spectaculaire du retour de Mahathir sur le devant de la scène politique a été sa réconciliation avec Anwar, son ex-ennemi juré, en vue de déloger Najib Razak et sa coalition au pouvoir pendant 61 ans dans ce pays d'Asie du Sud-Est à majorité musulmane.
Mahathir s'était engagé, en cas de victoire aux législatives lui permettant de devenir Premier ministre, de céder la place à Anwar une fois que ce dernier, âgé de 70 ans, serait libéré. Il purge une peine de cinq pour sodomie, qu'il a toujours vigoureusement contestée.
Dès vendredi, soit moins d'une journée après avoir été intronisé Premier ministre par le roi, Mahathir a annoncé que celui-ci s'était déclaré "disposé à gracier Datuk Sri Anwar immédiatement".
"Nous allons lancer la procédure appropriée afin d'obtenir une grâce pour Datuk Sri Anwar. Cela signifie une grâce totale. Il devrait être libéré immédiatement une fois gracié", a déclaré le nouveau Premier ministre lors d'une conférence de presse.
Mahathir a par ailleurs annoncé que dix postes au sein du nouveau gouvernement seraient pourvus samedi.
"Preuves cachées"
Anwar avait été le bras droit de Mahathir du temps où il fut Premier ministre une première fois (1981-2003), puis limogé en 1998 de son poste de vice-Premier ministre pour avoir osé dénoncer la politique économique protectionniste du gouvernement en pleine crise asiatique.
Condamné en 1999 à six ans de prison pour corruption et sodomie, Anwar avait vigoureusement contesté ces charges. L'affaire avait provoqué les plus importantes manifestations antigouvernementales dans le pays. Par la suite, Anwar avait été blanchi de l'accusation de sodomie.
Après sa libération, il est devenu un dirigeant charismatique de l'opposition qui a enregistré sous sa houlette des gains sans précédent aux élections, en promettant de mettre fin à la corruption et aux atteintes aux libertés dans le pays. Mais en 2015, Anwar a de nouveau été condamné, cette fois sous Najib, à cinq de prison pour sodomie, en vertu d'un jugement tout aussi controversé que le précédent.
Il avait alors dénoncé une "conspiration politique" fomentée selon lui par le régime du Premier ministre de l'époque, Najib Razak, arrivé au pouvoir en 2009, pour l'écarter de la vie politique.
Peu après le deuxième mandat de Najib en 2013, un important déficit est apparu dans les comptes du fonds souverain 1Malaysia Development Berhad (1MDB), crée par ce dernier.
Le scandale autour de ce fonds endetté aujourd'hui à hauteur de 10 milliards d'euros a éclaté au grand jour en 2015. Il fait désormais l'objet d'enquêtes dans plusieurs pays, notamment à Singapour, en Suisse et aux Etats-Unis, et a contribué et de à la lourde défaite de Najib aux législatives.
Interrogé sur le scandale de 1MDB, Mahathir a promis de relancer les investigations, critiquant le ministre de la Justice sortant, Mohamad Ali Apandi, qui avait blanchi Najib.
"Il dispose en fait de preuves cachées d'actes répréhensibles et ceci est mal fondé en droit. Notre intention est de poursuivre les gens qui ont montré une tendance à être corrompu ou ont commis des délits de corruption connus", a prévenu Mahathir.
A LIRE AUSSI.
Pakistan: chute du Premier ministre, "disqualifié" pour corruption
Islande: la droite résiste à l'assaut des Pirates, longues tractations en vue
Islande: la droite résiste à l'assaut des Pirates, longues tractations en vue
Le Pakistan dans l'incertitude après la chute de son Premier ministre pour corruption
Bulgarie: Boïko Borissov, le revenant qui promet la stabilité
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.