Le président des Etats-Unis, qui entretenait le suspense sur la date et le lieu de ce tête-à-tête avec le numéro un nord-coréen, en a fait l'annonce jeudi quelques heures après avoir accueilli, près de Washington, trois prisonniers américains tout juste libérés par Pyongyang.
"La rencontre très attendue entre Kim Jong Un et moi aura lieu à Singapour le 12 juin. Nous allons tous deux essayer d'en faire un moment très important pour la Paix dans le Monde!", a-t-il écrit sur Twitter.
Son secrétaire d'Etat Mike Pompeo, qui vient de se rendre dans la capitale nord-coréenne pour préparer le sommet, n'a pas exclu qu'il dure plus d'un jour.
Aucun président américain en exercice n'a rencontré jusqu'ici un dirigeant nord-coréen et les deux pays sont techniquement toujours en guerre depuis la fin du conflit entre les deux Corées en 1953.
Les plus hauts responsables américains en exercice à s'être rendus en Corée du Nord ont été des secrétaires d'Etat: Madeleine Albright en 2000 lors d'un bref dégel sans lendemain sur les dossiers balistique et nucléaire, et Mike Pompeo, qui a ramené jeudi les ex-prisonniers.
Les anciens présidents Jimmy Carter et Bill Clinton ont aussi fait le déplacement à Pyongyang.
L'"excellent" Kim
Après s'être montré tenté par un sommet à la frontière entre les deux Corées, où Kim Jong Un a rencontré fin avril le président sud-coréen Moon Jae-in, Donald Trump avait exclu mercredi cette piste. Singapour était alors devenue l'option la plus probable.
Il fallait "trouver un endroit neutre où Trump et Kim puissent se sentir tous deux en sécurité tout en fournissant le cadre spectaculaire dont ils ont besoin pour ce sommet historique", a souligné Jean Lee, experte du groupe de réflexion Wilson Center, sur Twitter. Il fallait aussi que ce soit "assez proche" de Pyongyang "pour que Kim puisse s'y rendre dans son petit avion".
C'est donc cette cité-Etat neutre et ultramoderne d'Asie du Sud-Est qui a été choisie pour mettre en scène leur rencontre emblématique de l'extraordinaire détente en cours après des mois d'escalade ponctuée d'échanges musclés et d'invectives personnelles.
Résolument optimiste en accueillant les ex-prisonniers en pleine nuit à leur descente d'avion, Donald Trump a tenu à "remercier" Kim Jong Un, "qui a vraiment été excellent" avec eux.
Puis lors d'un meeting dans l'Indiana jeudi soir, le président américain a expliqué à ses supporteurs que cette rencontre "vise à parvenir à un avenir de paix et de sécurité pour le monde entier".
"Je pense que cela sera un très gros succès", a-t-il de nouveau affirmé, avant de relativiser "que si ce n'est pas le cas, alors ce n'est pas le cas".
Le dirigeant nord-coréen a lui qualifié le sommet de chance "historique" pour construire un "bel avenir".
"Seule option"
La préparation de cette rencontre donne lieu à un tourbillon diplomatique. Mike Pompeo a ainsi rencontré à deux reprises en un mois Kim Jong Un --la première, en secret, en tant que directeur de la CIA. Et le dirigeant nord-coréen s'est rendu deux fois en Chine en six semaines pour parler au président Xi Jinping.
Désormais, les diplomates américains et nord-coréens s'affairent pour définir l'ordre du jour de la rencontre. Une tâche à haut risque.
Le président américain, qui a annoncé mardi son retrait, malgré le tollé international, de l'accord sur le nucléaire iranien espère démontrer ses qualités de négociateur dans cet autre dossier atomique.
Kim Jong Un s'est dit prêt à négocier la "dénucléarisation" de son pays reclus et frappé par des sanctions internationales draconiennes, infligées en partie en 2017 après une série de tirs de missiles y compris intercontinentaux capables d'atteindre le continent américain, et d'essais atomiques qui avaient fait monter les tensions.
Mais les experts pensent que sa définition de ce terme n'est pas la même que celle de Washington, qui réclame la dénucléarisation "complète, vérifiable et irréversible" de la péninsule coréenne et assure n'être prêt à aucune concession avant d'avoir atteint cet objectif "sans délai".
"Si Kim Jong Un veut un allègement de la +pression maximale+" imposée à la Corée du Nord "et être accueilli à la table des puissances mondiales reconnues, c'est sa seule option", explique à l'AFP le sénateur républicain Cory Gardner, qui a évoqué les préparatifs du sommet à la Maison Blanche mercredi.
"Tant que les différentes parties abandonnent leur politique hostile et les menaces" à l'encontre de Pyongyang, "il n'y a aucune raison pour la Corée du Nord d'être un Etat nucléaire et la dénucléarisation peut se concrétiser", a assuré Kim Jong Un à Xi Jinping, d'après l'agence Chine nouvelle.
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