"Depuis trois jours on a rajeuni de 20 ans, tout le monde s'est remis au boulot pour organiser la fête ! C'est la même ambiance, la même fierté", s'enthousiasme Simone Daval, l'ancienne maire de Sail-sous-Couzan.
Ce bourg d'un millier d'âmes en accueillit cinq fois plus au soir du match contre le Brésil qui le fit entrer dans l'Histoire et permit, surtout, de le situer sur une carte, entre Roanne et Saint-Etienne. Depuis, ils sont nombreux à être venus "au pays d'Aimé Jacquet" photographier le panneau de la commune ou la devanture de l'ancienne boucherie familiale - occupée aujourd'hui par une pizzeria.
Un souvenir "inoubliable" - "Sail en rêvait, Mémé l'a fait" - ravivé pour l'occasion. Dans la boulangerie, des maillots sont suspendus au plafond et une imitation de la Coupe trône en vitrine ; le salon de coiffure est aux couleurs de l'équipe de France; drapeaux, fanions, écharpes et ballons tricolores ornent les façades.
Dans son restaurant, Jean-Luc Delorme a exposé des photos de Jacquet enfant et des journaux de 1998. "Une icône", dit-il en montrant un article où des habitants se demandaient s'ils pourraient "toucher" leur héros quand il reviendrait, le prestigieux trophée dans les mains.
Le cuisinier a également conservé sous son comptoir, malgré les critiques du quotidien sportif envers le sélectionneur, le numéro de L'Equipe immortalisant une victoire "pour l'éternité": "moi j'ai stoppé les compteurs à 98, je ne pense pas qu'on revivra un truc pareil."
"Des gens partout"
Ce 12 juillet, deux écrans géants avaient été installés à Sail. "Ce qu'on a retenu, c'est l'ambiance. Si un avion avait survolé le village, il aurait vu des gens partout", raconte le maire actuel, Ludovic Buisson. "Il y en avait plein qu'on ne connaissait pas et qui nous embrassaient, alors qu'on n'était pour rien dans la victoire."
"A la mi-temps, ils sont tous venus boire un coup, heureusement qu'on avait l'épicerie à côté ! On allait chercher les boissons à coups de caddie, on avait à peine le temps de les rafraîchir !", abonde André Carreras, de service à la buvette ce soir-là.
Jeudi, environ 2.000 personnes sont venues retrouver un peu de cette liesse même si les temps ont changé. La notoriété soudaine du village s'est estompée. "Et on ne parlait pas d'attentat à l'époque... Aujourd'hui on a dû constituer un dossier de sécurité", observe le maire.
C'est l'AS Couzan, club aux 200 licenciés dont l'équipe première montera en Départementale 2 la saison prochaine, qui a organisé la fête au stade Aimé Jacquet. Elle a commencé avec un tournoi de jeunes sous l'oeil de l'ancien sélectionneur qui a jugé la pelouse très bonne - "pas d'excuse pour les mauvaises passes" - en remettant les récompenses.
Point d'orgue de cette "journée pour une étoile", un match de gala entre d'anciens Verts, le club de Saint-Etienne où Jacquet a joué avant d'être entraîneur, et d'anciens Bleus dont deux champions du monde, Lilian Thuram et Christian Karembeu, qui tenaient à rendre hommage à leur coach "là où il a grandi".
"Thuram, vous vous en souvenez ? En demi-finale (face à la Croatie, ndlr) il y a eu un miracle, il a marqué deux buts", a rappelé Jacquet, tout sourire, avant d'aller donner de la voix sur le banc. Score final: deux partout.
Dans le village, tous saluent "un grand Monsieur" resté fidèle à ses racines - à 76 ans, il vient encore régulièrement pour des cousinades, des inaugurations, des remises de médailles, ou pour aider la maison de retraite. Rendez-vous pour les 30 ans ? "Si on ne regagne pas la Coupe d'ici là, pourquoi pas !", avance le maire à un mois du Mondial en Russie.
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