Dans la petite salle d'audience du tribunal administratif de Rouen (Seine-Maritime), dans l'après-midi de ce mercredi 9 mai 2018, il manque des sièges. Ce jour-là en effet, la famille Ladj est venue accompagnée de son comité de soutien : une vingtaine de personnes venues spécialement pour eux. Seule une personne primordiale manque à l'appel : Chafia Ladj, hospitalisée depuis deux jours à cause du stress.
La situation de la famille est en effet des plus angoissantes : elle risque de devoir quitter la France, où elle vit depuis six ans, pour retourner en Algérie.
Obligation de quitter le territoire
Ahmed et Chafia Ladj ont quitté l'Algérie fin 2012 et début 2013. Chafia Ladj y était alors avocate et "subissait de fortes pressions morales et physiques en raison de sa défense du droit des femmes", rapporte un communiqué de la Ville de Dieppe (Seine-Maritime).
Ils partent donc en France et s'installent à Dieppe où naissent leurs deux enfants en 2013 et 2015.
En avril 2017, le couple envoie une demande de régularisation mais ne l'obtient pas : le tribunal administratif confirme à l'inverse une mesure d'éloignement, c'est-à-dire l'obligation de quitter le territoire français.
Les avocats de la famille ont fait appel de cette décision. En parallèle, ce mercredi 8 mai après-midi, ils avaient tous rendez-vous au tribunal administratif pour deux requêtes : annuler l'assignation à résidence de six mois dans l'objectif de mettre à exécution la mesure d'éloignement et annuler l'interdiction de retour en France pendant deux ans.
"On ne les laissera pas partir comme ça"
Avec eux au tribunal administratif, toute une délégation d'élus, d'amis et de membres d'associations a fait le déplacement depuis Dieppe pour montrer leur soutien.
"On s'insurge contre ces mesures et on voudrait qu'elles soient abrogées, explique Chantal Pélissier qui fait notamment partie du Réseau éducation sans frontières et de l'association Un toit pour tous à Dieppe, qui héberge la famille. Il faut qu'ils sentent qu'ils sont entourés et qu'on ne les laissera pas partir comme ça, sans s'occuper d'eux."
Tous décrivent une famille parfaitement insérée dans la société : Chafia Ladj est parent d'élève, Ahmed Ladj a obtenu une promesse d'emploi et ils sont tous les deux membres d'associations locales.
"Ça me paraît inconcevable qu'on envoie deux enfants dans un pays qu'ils ne connaissent pas"
Pour les soutenir, le maire de Dieppe, Nicolas Langlois, a lui aussi fait le déplacement.
Écoutez son témoignage :
Nicolas Langlois, maire de Dieppe, soutient la famille Ladj
"C'est inédit qu'un maire se déplace en soutien à une famille", rappelle Maître Clémence Flaux, ajoutant que le soutien de toutes les personnes présentes "est à la hauteur des attaches qui se sont créées sur la commune de Dieppe et doivent être prises en compte".
Interdiction de retour diminuée
Pour ce qui est des deux requêtes, le tribunal a décidé mercredi 9 mai de maintenir l'assignation à résidence pour six mois et a jugé l'interdiction de retour en France trop importante sur la durée mais ne l'a pas annulée.
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En quoi est-ce si angoissant de devoir retourner dans son pays, que l'on a quitté depuis seulement 6 ans ? Je connais un avocat algérois, qui ne me semble pas en danger là-bas.
Et les enfants ? Inconcevable d'aller dans un pays que l'on ne connaît pas ? Ils ont 3 et 6 ans et ne peuvent s'adapter au pays de leur famille, où ils ont leurs racines, leurs grands parents, leurs cousins ? Et comment font les enfants d'expatriés qui arrivent dans une culture différente de celle de leurs parents parce que ces derniers y ont été mutés ?
Franchement, les arguments rapportés dans cet article sont bien frêles ...
Il faut arrêter de nous faire prendre de vessies pour des lanternes.