Le jour d'après, M. Netanyahu s'est envolé pour la Russie, où il ne devrait pas manquer de discuter, avec l'un des signataires de l'accord, des retombées de la retentissante dénonciation annoncée par le président Trump mardi.
Au-delà du nucléaire, M. Netanyahu devrait discuter de la situation en Syrie, voisine d'Israël, zone d'influence iranienne grandissante et point nodal des crispations irano-israéliennes.
M. Netanyahu pourrait en appeler à la relative influence de Moscou sur Téhéran pour réfréner les ardeurs iraniennes, dit Emily Landau, chercheuse à l'Institute for National Security Studies (INSS).
Mardi soir, un dépôt d'armes iranien près de Damas a été la cible d'une frappe qui a tué 15 combattants pro-régime étrangers, dont huit Iraniens, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). L'opération, la troisième du genre en un mois, a de nouveau été imputée à Israël par le régime syrien.
Avant cette opération et au moment où M. Trump se préparait à annoncer le retrait de l'accord nucléaire, l'armée israélienne annonçait avoir repéré des activités iraniennes "inhabituelles" en Syrie et avoir placé ses forces en état d'alerte dans le Golan, face à l'éventualité d'une attaque iranienne.
On ignore dans quelle mesure ces évènements sont liés à la déclaration de M. Trump. Mais celle-ci a renforcé une nervosité palpable.
"Mot pour mot"
Israël se tient prêt depuis plusieurs semaines à l'éventualité d'une riposte de l'Iran, directe ou par un intermédiaire, aux frappes qui lui sont attribuées contre des intérêts iraniens en Syrie.
Il ne cesse de proclamer qu'il ne permettra pas à l'Iran de se servir de la Syrie comme tête de pont contre lui.
Israël se considère aussi comme la cible désignée d'un Iran doté de l'arme nucléaire, et a mené de front ces dernières années les opérations militaires en Syrie et une campagne de tous les instants contre l'accord nucléaire.
Cette campagne est largement considérée comme un combat personnel de M. Netanyahu. En 2015, il avait braqué l'administration Obama en allant jusque devant le Congrès américain plaider contre l'accord.
Il y a une semaine, il avait signé un nouveau coup d'éclat en dévoilant en direct à la télévision une centaine de milliers de documents saisis selon lui par les espions israéliens à Téhéran et qui prouveraient, toujours d'après M. Netanyahu, que l'Iran a un programme nucléaire secret.
Le discours de M. Trump mardi soir aurait pu être "mot pour mot" celui de M. Netanyahu, souligne le quotidien Maariv. Les Etats-Unis, grand allié d'Israël, ont fait leur "la doctrine Netanyahu", abonde le Haaretz.
"N'importe quel Israélien rationnel devrait applaudir Trump et admettre en toute honnêteté, indépendamment des appartenances politiques, que ceci est aussi l'éclatante victoire de Benjamin Netanyahu", ajoute Maariv.
M. Trump a cité les documents saisis par les espions israéliens à Téhéran comme "la preuve définitive" de la mauvaise foi iranienne.
Changement de régime
Les experts se divisent sur l'impact que ces documents ont eu sur la décision de M. Trump. Mais Yaakov Nagel, ancien conseiller à la sécurité nationale de M. Netanyahu, décernait une note d'un peu "plus de 10 sur 10" à M. Trump. Il y a plusieurs phrases pour lesquelles "je ne pourrais dire mieux", a-t-il signalé à des journalistes.
"N'oubliez pas qu'il y a trois niveaux: il y a le bon accord, le mauvais accord, et pas d'accord du tout (...). (C'était) la grande querelle entre le président Obama et le Premier ministre Netanyahu. Nous pensions que pas d'accord du tout valait mieux qu'un mauvais accord", a rappelé M. Nagel.
Maintenant, "nous avons besoin d'un meilleur accord", a-t-il ajouté.
Plusieurs experts observent que M. Netanyahu semble sensible à l'idée de fortes pressions sur le régime iranien pour provoquer sa chute.
Plusieurs relèvent aussi les risques sécuritaires et le danger qu'Israël se retrouve seul face à ceux-ci.
Amos Yadlin, directeur de l'INSS, estime que les Iraniens pourraient reprendre l'enrichissement d'uranium, se retirer du Traité de non-prolifération nucléaire et se mettre à produire rapidement la bombe atomique.
En l'absence d'un vaste régime international de sanctions dures, "la seule option pour stopper l'Iran sera l'action militaire", écrit-il dans le Yediot Aharonot. Or, "le président Trump ne veut pas d'une autre guerre au Proche-Orient (...). Certes, il ne fera pas barrage à une action israélienne, à la différence de son prédécesseur, mais, au bout du compte, c'est probablement à nous qu'incombera la tâche".
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