"De manière préventive, j'ai décidé d'entamer des discussions avec le Fonds monétaire international pour qu'il nous accorde une ligne de soutien financier", a annoncé le président Mauricio Macri lors d'une allocution télévisée.
"Nous prenons le seul chemin possible pour sortir du blocage, en cherchant à éviter une grande crise économique qui nous ferait revenir en arrière et causerait du mal à tous", a-t-il ajouté.
Sur un mois, le peso a fondu de plus de 10%.
Mauricio Macri, au pouvoir depuis fin 2015, a indiqué avoir déjà eu une première conversation avec la directrice du FMI, Christine Lagarde, et cette dernière a souligné dans un communiqué que "l'Argentine est un membre important du Fonds monétaire international".
"Les discussions ont été initiées sur la manière de travailler ensemble pour renforcer l'économie de l'Argentine et vont se tenir très rapidement", a-t-elle assuré.
"Nous ne pouvons pas encore dévoiler les montants (demandés), mais nous nous sommes mis d'accord sur un soutien financier du FMI à l'Argentine", a indiqué le ministre de l'Économie, Nicolas Dujovne, dans une conférence de presse.
"Dans cette étape des discussions, nous n'avons pas parlé des détails", a déclaré le ministre, avant d'ajouter: "Il faut tenir compte du fait que nous parlons avec un FMI très différent de celui que nous avons connu il y a 20 ans".
Il y a 17 ans, plus exactement: c'est quand l'Argentine avait été secouée par le pire crise financière de son histoire, qui avait fait chuter successivement quatre présidents en une semaine et mené le pays au défaut de paiement, véritable traumatisme national.
En janvier 2006, l'Argentine avait remboursé son dernier crédit auprès du FMI, pour 9,6 milliards de dollars.
"Nouveau scénario mondial"
Longtemps honnie par une partie de la population argentine qui n'a pas oublié les sacrifices endurés, c'est pourtant cette institution qui est aujourd'hui appelée au secours.
"Pendant les deux premières années (de mandat), nous avons eu un contexte international très favorable, mais ce contexte est en train de changer" et "nous sommes parmi les pays au monde qui dépendent le plus du financement externe", s'est justifié M. Macri.
Selon lui, l'aide du FMI permettra de renforcer son "programme de croissance et développement, en nous donnant une meilleure base pour affronter ce nouveau scénario mondial et éviter une crise comme celles que nous avons eues dans notre histoire".
Le peso argentin, qui à l'ouverture des marchés mardi chutait de 4,61% à 23,41 pesos pour un dollar, se reprenait légèrement peu après le discours présidentiel, à 23,06.
La monnaie avait dégringolé de près de 5% la semaine dernière, sous l'effet notamment de la hausse des taux des bons du Trésor américain, obligeant la Banque centrale à relever son taux directeur à 40%, le niveau le plus élevé au monde.
Mais un taux aussi astronomique peut affecter la croissance du pays, troisième économie d'Amérique latine derrière le Brésil et le Mexique, qui s'était redressée en 2017 à 2,8%, après une chute du PIB de 2,3% en 2016.
"Il est certain qu'un taux plus élevé peut avoir un impact sur la productivité, même si cela dépend de combien de temps ça dure, mais l'Argentine a souffert de nombreuses crises par le passé, nous devons nous assurer que cela n'arrive plus", avait souligné le ministre Dujovne la semaine dernière.
Après cette thérapie de choc, une autre mesure pour freiner la chute du peso est entrée en application lundi: elle force les établissements bancaires à remettre sur le marché une partie de leurs réserves de billets verts, environ 2 milliards de dollars.
Mardi, la Banque centrale doit annoncer son taux directeur, qu'elle pourrait encore relever pour convaincre les Argentins de placer leur argent plutôt que d'acheter des dollars, monnaie refuge quand l'inflation est forte. Ce qui permettrait d'enrayer la dévaluation du peso.
Le pays est confronté à une inflation élevée, de 24,8% en 2017, qu'il compte ramener à 15% cette année, mais le FMI se veut plus pessimiste, attendant 19,2%.
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