Le parlement de la capitale hongroise a ouvert vers 10h00 locales (08h00 GMT) la première session de la nouvelle mandature: le dirigeant souverainiste de 54 ans va y être réélu Premier ministre par les députés de son parti conservateur Fidesz tandis qu'à l'extérieur, ses adversaires se sont donné rendez-vous pour manifester.
Quelques centaines de protestaires étaient déjà rassemblés dans la matinée, sous haute surveillance policière, devant l'édifice vers lesquels ils lançaient les cris de "traître" ou "Orban, sors de là!". La manifestation la plus importante est attendue en fin de journée, à partir de 18h00 locales (16h00 GMT)
Depuis les élections législatives du 8 avril, qui ont assuré à Viktor Orban une victoire encore plus large qu'attendue, des milliers de Hongrois se sont ralliés à un mouvement de protestation lancé sur les réseaux sociaux sous le mot d'ordre "Nous sommes la majorité".
L'avenir de cette mobilisation citoyenne, qui n'est pas sans rappeler les récentes manifestations anti-gouvernementales en Slovaquie et en Pologne, dépendra largement de la capacité des partis d'opposition à canaliser cette dynamique, alors que le triomphe du Fidesz les a assommés.
De son côté, Viktor Orban est sorti renforcé du scrutin qu'il a déjà présenté comme le "mandat le plus fort" qu'il ait jamais remporté. L'ancien dissident anti-communiste avait dirigé le gouvernement de 1998 à 2002 avant de revenir au pouvoir en 2010 pour deux mandats successifs qui ont fait de lui l'icône des droites populistes et nationalistes en Europe.
Sur les 199 députés investis mardi, 133 soutiennent le Fidesz, donnant au Premier ministre l'appui d'une "super majorité" des deux-tiers qui permet de réviser la Constitution.
Mais compte-tenu des règles électorales, "ces deux tiers ne représentent même pas la moitié de l'électorat, nous ne considérons pas ce gouvernement comme légitime", a déclaré lundi à l'AFP une manifestante, Katalin Kazmer, 71 ans.
Cortèges hétéroclites
Le député Vert Akos Hadhazy, croisé de la lutte contre la corruption, a refusé mardi de prêter serment pour protester contre un parlement qu'il juge "illégitime", a-t-il expliqué à l'AFP, dénonçant les millions d'euros dépensés par le précédent gouvernement pour exercer sa "propagande" auprès des électeurs.
L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) avait estimé après le scrutin que la capacité à voter en connaissance de cause avait été entravée par la "rhétorique xénophobe" ambiante et la "partialité des médias".
Lundi, l'OSCE a exprimé sa "grande préoccupation" après que trois journalistes travaillant pour des sites d'information indépendants se sont vu refuser une accréditation pour couvrir l'ouverture de la session parlementaire.
Viktor Orban a fait du rejet de l'immigration, dans un pays qui n'accueille qu'une poignée de demandeurs d'asile, l'axe de sa campagne électorale à coup de formules choc agitant la "menace vitale" représentée par "l'invasion migratoire" pour la survie de l'"Europe chrétienne".
Il entend poursuivre dans la même veine: "La mission la plus importante du nouveau gouvernement sera la défense de la sécurité de la Hongrie et de la culture chrétienne", a prévenu celui qui a érigé des clôtures barbelées à plusieurs frontières du pays et durci les lois sur l'immigration.
Le Premier ministre a déjà annoncé vouloir graver dans la Constitution le refus d'accueillir certains migrants. Il veut faire adopter de nouvelles lois ciblant les ONG. De nombreuses institutions internationales l'ont accusé, depuis 2010, d'avoir muselé les contre-pouvoirs du pays.
Face au Fidesz qui a fait le plein des voix dans la Hongrie rurale, les cortèges anti-Orban présentent un visage hétéroclite, où les drapeaux européens, ceux arc-en-ciel de la communauté homosexuelle côtoient les symboles ultra-nationalistes.
Sur la page Facebook de la manifestation de mardi, les organisateurs appellent à "ne pas laisser le système corrompu d'Orban nous priver de notre liberté, des fonds de l'UE et de la place de notre pays en Europe".
Mais l'opposition n'a pas meilleure presse auprès des protestataires. Un récent sondage a conclu que les électeurs rendaient les autres formations politiques, divisées et au discours peu audible, responsables de leur propre défaite.
Or, sans "une coordination entre l'opposition parlementaire et celle de la rue", les manifestations seront vaines, estime l'analyste Daniel Hegedus pour l'AFP.
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