"Le colonel Beltrame est mort parce que la France, ce sont des idées, des valeurs, quelque chose d'une guerre qui le dépasse", fait valoir le chef de l'État dans un documentaire devant être diffusé lundi soir sur France 3.
Or, selon lui, "les gens qui pensent que la France, c'est une espèce de syndic de copropriété où il faudrait défendre un modèle social qui ne sale plus (sic), une république dont on ne connait plus l'odeur", et où l'"on invoque la tragédie dès qu'il faut réformer ceci ou cela, et qui pensent que le summum de la lutte c'est les 50 euros d'APL, ces gens-là ne savent pas ce que c'est que l'histoire de notre pays".
Pour définir cette histoire, le président énumère "une histoire d'absolu, (...) un amour de la liberté au-delà de tout, c'est une volonté de l'égalité réelle : c'est ça, la France", dit-il dans ce documentaire réalisé par Bertrand Delais, intitulé "Emmanuel Macron, la fin de l'innocence".
"Nous sommes la France, et la France est un pays qui ne se réforme pas. On est un pays qui se cabre", constate-t-il encore, en faisant observer qu'"il y a en nous un goût romantique pour la lutte qui fait que, quand bien même ces statuts ne sont pas pour nous, on vit dans l'idée de pouvoir un jour les obtenir, on aime la lutte de celui qui les protège". "Ça fait partie de la vie politique française, il faut le regarder avec respect et amour de notre histoire", estime-t-il.
"Petit", "misérable"
Avant même sa diffusion, le documentaire suscitait la polémique parmi les politiques.
"Emmanuel Macron méprise les gens qui se sont indignés pour la baisse des APL. C'est petit et indigne de sa fonction. La France, c'est une France sociale et républicaine", a réagi le député de La France insoumise Alexis Corbière sur Twitter.
"Se servir de la magnifique figure du colonel Beltrame pour salir ceux qui luttent pour leurs droits est misérable", a tweeté de son côté le PCF, tandis que le porte-parole du PS Boris Vallaud jugeait "petit d'opposer les héros des plus pauvres", estimant que "ceux qui sont à 20 euros près ne méritent pas ce mépris".
Le député Les Républicains David Lorion a pour sa part estimé qu'"il est des familles pour qui 50 euros n'est pas une petite somme et notamment pour se loger". "Est-ce pour faire culpabiliser les personnes concernées et leur demander de se taire ?", a encore interrogé le parlementaire.
La baisse à l'automne dernier des aides personnalisées au logement (APL), de 5 euros mensuels pour 6,5 millions de ménages bénéficiaires, sans distinction, avait été vivement critiquée par les ONG de défense des mal-logés, les bailleurs sociaux et certains syndicats.
Dimanche, le secrétaire d'État à la Cohésion des territoires, Julien Denormandie, a reconnu que cette baisse avait été une "mauvaise décision" et a promis qu'il n'y "aurait plus aucun perdant" en matière d'APL.
Le Premier ministre Édouard Philippe avait qualifié de "pas intelligent" ce coup de rabot, qui représente une économie mensuelle de 32,5 millions d'euros pour l'État. Mais il l'avait justifié par la nécessité de réaliser les économies prévues dans le budget 2017 par la majorité précédente, argument repris par Richard Ferrand, chef de file des députés de La République en marche (LREM), lundi, pour qui la mesure était "une connerie inévitable".
Dans les propos fustigés lundi, "le président fait référence à la transformation du logement social et de tout le fonctionnement des opérateurs de logements sociaux", a justifié la députée LREM Amélie de Montchalin sur Europe 1.
"Il parle des gens qui instrumentalisent cela politiquement", a pour sa part fait valoir la secrétaire d'État à l'Égalité femmes-hommes Marlène Schiappa sur France Culture.
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