Promogil, sa société d'exploitation, a été placée en liquidation judiciaire le 2 mai par le tribunal de commerce de Créteil, à la demande de son patron Gilbert Edelstein, également président du Syndicat national du cirque.
"Les mois de mars et avril ont été catastrophiques, on ne pouvait pas continuer comme ça", a-t-il déclaré lundi à l'AFP. Le chiffre d'affaires de sa société d'une centaine de salariés est passé de 7,5 millions d'euros en 2014 à 5,2 millions en 2017.
Pourquoi cette chute? M. Edelstein cite "la crise économique", le contexte post-attentats et la baisse du nombre de spectateurs scolaires, passé de "450.000 à 100.000 par an en trois ans".
Il assure en revanche que ces difficultés ne sont pas dues aux polémiques liées à l'utilisation des animaux sauvages dans les cirques. La ménagerie de Pinder en compte 50, dont le sort n'a pas été précisé.
Cette question a provoqué des débats enflammés ces dernières années. Et 41 pays ont interdit les animaux sauvages sous les chapiteaux, dont 19 en Europe.
En France, 65 communes ont pris des arrêtés pour interdire l'installation de cirques possédant des animaux, avait indiqué l'association de défense des animaux PETA en novembre, après la mort à Paris d'une tigresse, abattue après s'être échappée d'un cirque.
Quelques semaines plus tard, Paris s'était engagée à devenir une ville sans animaux sauvages dans les cirques, sans toutefois fixer d'échéance.
La question animale "est un des éléments" qui expliquent la crise des cirques traditionnels, "mais ce n'est probablement pas le seul", explique à l'AFP Pascal Jacob, auteur en 2016 du livre "Une histoire du cirque" (Seuil/BNF) et directeur artistique du cirque Phénix.
"Imaginaire collectif"
"Il y a eu une évolution des mentalités, du goût" du public, analyse-t-il. "Le développement du cirque contemporain à partir des années 80 a donné de nouveaux territoires à explorer", avec des "shows" repensés.
Des cirques comme Plume ou les Canadiens du Cirque du Soleil ont mis un coup de vieux à leurs aînés, en se concentrant sur les acrobaties et en abandonnant la notion de "numéros" pour concevoir les spectacles comme un tout.
M. Jacob pointe également du doigt "une hyper-sollicitation du public": "le cirque a longtemps été le loisir principal qui venait à la rencontre des spectateurs, ce n'est plus le cas".
Selon M. Edelstein, ces difficultés touchent d'autres institutions, comme Bouglione, Gruss et Medrano.
L'an dernier, un cirque mythique a tiré sa révérence après 146 ans d'existence: Barnum, aux États-Unis.
"Ce n'est pas un phénomène récent, il y a toujours eu de grands cirques qui ont trébuché", relativise M. Jacob. Mais Barnum ou Pinder, créé en 1854, "font partie de notre imaginaire collectif, c'est un pan de la culture populaire".
Dans l'imaginaire collectif, le cirque, c'est la liberté, les longs trajets d'une ville à l'autre. Mais cette liberté a un prix.
"Au cirque, c'est l'itinérance qui coûte cher", note M. Edelstein, en estimant à 20 à 30.000 euros par jour les frais qui y sont liés (essence, assurances etc). "Un cirque, c'est avant tout une entreprise de transport, puis de montage/levage, puis de publicité, puis de spectacle. Sur une place à 10 euros, le spectacle ne représente qu'un euro".
Les prochains spectacles prévus en province par Pinder ont été annulés. Son patron assure que le cirque se produira tout de même à Paris de novembre à fin janvier.
"Si le ministère de la Culture ne nous aide pas, ce n'est pas la peine de reprendre la route", lance Gilbert Edelstein, qui a succédé au comédien Jean Richard à la tête de Pinder en 1983.
Fin mars, dans un discours sur les zones rurales dépourvues d'événements culturels, la ministre Françoise Nyssen avait annoncé "un plan de soutien de 500.000 euros aux cirques traditionnels, trop souvent déconsidérés".
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