"Je considère comme mon devoir et le sens de ma vie de faire tout mon possible pour la Russie, pour son présent et pour son avenir", a-t-il déclaré, après avoir prêté serment, la main sur la Constitution, lors d'une cérémonie solennelle au Grand palais du Kremlin, en présence des présidents des deux chambres du Parlement russe et celui de la Cour constitutionnelle.
Réélu en mars avec 76,7% des voix, soit le score le plus élevé depuis son arrivée au pouvoir, M. Poutine s'est imposé plus que jamais comme l'homme fort d'une Russie qu'il a replacée au premier rang sur la scène internationale, au prix de tensions croissantes avec les Occidentaux.
"Je suis particulièrement conscient de ma responsabilité colossale devant chacun de vous, devant la Russie", a lancé Vladimir Poutine.
"Je ferai tout pour augmenter la puissance, la prospérité et la gloire de la Russie", a assuré M. Poutine, devant les députés, les sénateurs et des personnalités du monde culturel russes réunis au Kremlin.
Le scrutin qu'il avait remporté en arrivant très loin devant ses adversaires avait été qualifié de "transparent au maximum" par la Commission électorale. L'opposition et des ONG russes avaient de leur côté fait état de milliers d'irrégularités, notamment de bourrages d'urnes et d'électeurs emmenés voter par autocars entiers sous pression de leur employeur.
La cérémonie d'investiture a été précédée par une série de manifestations anti-Poutine organisées samedi dans toute la Russie à l'appel du principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny.
Ces rassemblements, qui avaient été interdits par les autorités, ont souvent été dispersés violemment et ont débouché sur plus de 1.500 arrestations, dont celle de M. Navalny, relâché peu après.
Déclaré inéligible en raison d'une condamnation pénale qu'il estime orchestrée par le Kremlin, Alexeï Navalny n'avait pas pu se présenter lui-même à l'élection présidentielle.
A la veille de l'investiture précédente de Vladimir Poutine, le 6 mai 2012, une manifestation anti-Kremlin sur la place Bolotnaïa à Moscou avait été émaillée d'affrontements avec la police, et plusieurs manifestants avaient ensuite été condamnés à des peines de camp.
'les intérêts russes'
Si Vladimir Poutine a fait des déclarations très martiales lors de sa campagne électorale, pendant laquelle il a vanté les nouvelles capacités militaires de la Russie et ses missiles nucléaires "invincibles", il a assuré après sa réélection triomphale vouloir réduire les dépenses militaires en 2018 et 2019 et réfuté toute "course aux armements".
Après l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014, saluée par la majorité des Russes et qui a fait s'envoler sa cote de popularité, déjà élevée, la tâche du président russe "est désormais non pas de rattacher de nouvelles terres à la Russie, mais de faire en sorte que le monde entier prenne en compte les intérêts russes et accepte ces conquêtes", a déclaré l'analyste Dmitri Orechkine à l'AFP.
Frappée depuis 2014 par des sanctions occidentales sans précédent à cause de la crise ukrainienne, la Russie s'oppose aussi aux Occidentaux sur le conflit syrien et elle est accusée d'ingérence dans l'élection de Donald Trump.
La confrontation Est-Ouest s'est encore accentuée depuis que Londres a accusé Moscou en mars d'avoir empoisonné un ex-agent double russe au Royaume-Uni, ce qui a provoqué une avalanche d'expulsions de diplomates russes à travers le monde à laquelle la Russie a riposté par des mesures similaires.
Vladimir Poutine a qualifié ces accusations de "grand n'importe quoi".
Et après 2024?
Vladimir Poutine devrait rester à la tête de la Russie jusqu'en 2024, année où il fêtera ses 72 ans.
Interrogé le soir de sa réélection sur l'éventualité d'une candidature à l'issue de ce mandat, il a répondu: "Vous devez plaisanter! Qu'est-ce je dois faire? Rester ici jusqu'à mes 100 ans? Non".
Sauf réforme constitutionnelle, Vladimir Poutine ne pourra pas être à nouveau candidat en 2024, la Constitution russe interdisant de briguer plus de deux mandats consécutifs.
Selon des experts, le président russe pourrait mettre à profit les six prochaines années pour préparer un successeur. Mais pour l'instant, il s'est gardé de donner la moindre indication sur la personne qu'il pourrait envisager.
"Je ne vois pas d'autre candidat qui pourrait le remplacer... Chaque année, la Russie devient meilleure, plus forte et plus belle", a déclaré à l'AFP Aliona Kozeleva, assistance commerciale, alors qu'elle se dirigeait lundi au travail dans un grand magasin moscovite.
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