"Trois, deux, un, décollage", a indiqué un commentateur de la Nasa avant que la fusée ne quitte son pas de tir à 4H05 locales (11H05 GMT).
L'engin baptisé Interior Exploration using Seismic Investigations, Geodesy and Heat Transport (InSight) a pris rapidement de l'altitude dans le ciel nocturne et brumeux au-dessus de la base Vandenberg de l'US Air Force en Californie, propulsé par une fusée Atlas V.
Quelques minutes plus tard est apparu sur le compte Twitter d'InSight le message: "#Mars, j'arrive! Six mois et quelques vers la planète rouge". Et environ 385 millions de kilomètres.
"C'est un grand jour. Nous retournons sur Mars", a lancé Jim Bridenstine, patron de la Nasa, après le décollage. "C'est important pour notre pays. C'est également important pour le monde et cela établit vraiment le leadership des Etats-Unis de nombreuses façons".
Après environ 1h40 de vol, la sonde s'est séparée comme prévu de l'étage supérieur de la fusée: "Je suis toute seule maintenant", a tweeté @NASAInSight, compte officiel de la sonde. "Cela marque le début de mon voyage de six mois vers #Mars".
Le lancement devait intervenir à l'origine en 2016, mais des fuites sur un instrument avaient entraîné un report à 2018. Les fenêtres de tir favorables pour la planète rouge ne se présentent que tous les deux ans.
Si tout continue de se dérouler comme prévu, la sonde devrait arriver à destination le 26 novembre, devenant ainsi le premier appareil de la Nasa à se poser sur Mars depuis le véhicule Curiosity en 2012.
Sa mission consistera surtout à détecter les séismes martiens qui, selon la description de la Nasa, sont "comme un flash qui illumine la structure interne de la planète".
InSight doit récolter des données par le biais de trois instruments: un sismomètre, un dispositif permettant de localiser avec précision la sonde, Mars oscillant sur son axe de rotation, et un capteur de flux de chaleur capable de s'insérer trois à cinq mètres dans le sous-sol martien, soit quinze fois plus profondément que lors de précédentes missions.
De boule à planète
Comme la Terre et Mars se sont probablement formées de manière similaire il y a 4,5 milliards d'années, la Nasa espère lever le voile sur les raisons pour lesquelles elles sont si différentes.
Mars, quatrième planète à partir du Soleil qui est plus petite et moins active géologiquement que la planète bleue, pourrait receler quelques indices en la matière.
Car, sur Terre, le processus pour passer "d'une boule de roches sans reliefs caractéristiques à une planète" pouvant héberger la vie a été masqué par des milliards d'années de séismes et de mouvements de roches en fusion dans le manteau, a expliqué Bruce Banerdt, responsable scientifique d'InSight au laboratoire JPL de la Nasa à Pasadena (Californie).
Les scientifiques s'attendent à enregistrer jusqu'à une centaine de "tremblements de Mars" au cours de la mission qui doit durer environ deux ans terrestres. La plupart devraient être inférieurs à 6,0 sur l'échelle ouverte de Richter.
"Pour nous, InSight n'est sans doute pas la mission ultime mais c'est une très, très importante mission parce que nous allons entendre les battements de coeur de Mars grâce au sismomètre", a relevé Jean-Yves Le Gall, président du Centre National d'Etudes Spatiales (CNES) français, à la télévision de la Nasa après le décollage.
Le Seismic Experiment for Interior Structure (SEIS) a été conçu par le CNES, tandis que le détecteur de chaleur Heat Flow and Physical Properties Package (HP3) est issu d'une collaboration entre les agences spatiales allemande DLR et polonaise CBK.
Outre comprendre la formation et l'évolution des planètes telluriques, l'objectif est aussi de déterminer l'activité tectonique actuelle sur Mars et son taux d'impact par des météorites.
Selon la Nasa, le coût total de la mission atteint 993 millions de dollars.
Par ailleurs, les deux satellites de la taille d'une valise baptisés Mars Cube One (MarCO) embarqués avec la sonde se sont déployés comme prévu. Ils doivent permettre d'évaluer les capacités de communication de petits équipements dans l'espace lointain.
Ils vont suivre leur propre course vers Mars dans le sillage d'InSight, dont ils pourraient transmettre des données sur son entrée dans l'atmosphère martienne et son atterrissage.
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