Une exposition permanente a été inaugurée dans la matinée dans la maison natale de l'auteur du "Capital" à Trèves, ville proche de la France et du Luxembourg où Marx a vu le jour le 5 mai 1818.
Au total pas moins de 600 événements -- expositions, concerts, pièces de théâtre, conférences -- sont prévus dans les mois à venir à Trèves.
Ils ont pour but de retracer la vie, l'oeuvre et l'héritage de l'auteur du "Capital" et inspirateur du communisme.
Le clou des célébrations est prévu en fin de matinée, avec l'inauguration controversée d'une statue en bronze du penseur allemand, haute de 5,5 mètres et offerte par la Chine, pays toujours officiellement communiste.
De quoi faire grincer des dents dans une Allemagne où la partition du pays pendant des décennies et la répression en RDA communiste ont laissé des traces.
Plusieurs manifestations sont ainsi prévues dès samedi matin par des associations ou partis ulcérés par l'hommage rendu à celui qu'ils considèrent comme le père des dictatures communistes.
"Déboulonnons Marx!"
"Nous voulons protester bruyamment contre l'inauguration de la statue et faire entendre notre voix contre la glorification du marxisme!", tonne Dieter Dombrovski, président de l'Union des groupes de victimes de la tyrannie communiste.
"N'oublions pas les victimes du communisme - Déboulonnons Marx!", a lancé de son côté le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui a en grande partie bâti ses succès aux dernières élections législatives sur ses scores dans l'ex-RDA communiste.
Face à la formation nationaliste qui a appelé à une marche silencieuse dans les rues de Trèves, des contre-manifestants organisent aussi un rassemblement: contre l'AfD mais aussi contre la statue, cadeau selon eux d'une "dictature autoritaire".
Le maire de Trèves, le social-démocrate Wolfram Leibe, rejette les critiques qui l'accusent d'avoir accepté la statue pour chercher à charmer touristes et investisseurs chinois: il s'agit d'"un simple geste d'amitié" de Pékin, a-t-il affirmé à l'AFP.
"Intemporel"
Plus de 130 ans après sa mort à Londres, en 1883, l'auteur du "Capital" et du "Manifeste du Parti communiste" (avec Engels) reste l'un des intellectuels les plus commentés au monde: critique visionnaire et acéré des dangers du capitalisme pour les uns, inspirateur des dictatures soviétique, chinoise ou cambodgienne pour les autres.
Quelques pays revendiquent encore le marxisme comme socle idéologique, à l'image de la Chine et du Vietnam.
Discréditée après la chute du Mur de Berlin et l'effondrement de la dictature soviétique où elle faisait figure de Bible, son oeuvre forgée au temps de la première révolution industrielle a connu depuis un certain renouveau.
Elle est utilisée par les critiques des dérives du système capitaliste suite à la crise financière de 2007-2008 ou à l'accroissement de l'écart entre riches et pauvres. Et inspire encore des mouvements politiques en Occident.
Pour la gauche radicale allemande, très forte dans l'ex-RDA, les critiques contre l'héritage de Marx n'ont pas lieu d'être.
"Si chacun était responsable de ce qui a été fait en son nom, alors Jésus Christ ne devrait plus être accroché dans aucune église", a taclé samedi l'une de ses dirigeantes, Sahra Wagenknecht dans un journal régional allemand.
Même le président de la Commission européenne, le conservateur Jean-Claude Juncker, y est allé de son hommage : "Marx n'est pas responsable de toutes les atrocités dont ses héritiers supposés doivent répondre", a-t-il dit vendredi soir à Trèves lors d'une cérémonie du bicentenaire.
"Il y a quelque chose d'intemporel avec Marx", et ce bicentenaire va permettre d'expliquer l'auteur du célèbre slogan "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !" sans le "glorifier ou (le) vilipender", juge Rainer Auts, chargé de superviser les expositions sur Marx dans la ville.
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