Dans la matinée, le groupe Air France-KLM a annoncé une perte nette de 269 millions d'euros au premier trimestre, plombé par trois journées de grève (22 février, 23 et 30 mars) d'Air France sur cette période.
Le coût des onze premiers jours de grève est estimé à "300 millions d'euros" soit un peu plus de 25 millions par jour pour le groupe qui prévoit d'ores et déjà un résultat d'exploitation en 2018 "en baisse sensible par rapport à 2017", où il avait atteint 1,9 milliard d'euros.
Selon la direction d'Air France, 75% des vols sont assurés vendredi, alors que la mobilisation des pilotes s'effrite avec un taux de grévistes à 21,5%, contre 33% au début du mouvement.
Cette treizième journée coïncide avec une nouvelle séquence de grève à la SNCF, où un TGV et un Transilien sur deux sont prévus, ainsi que deux TER sur cinq et un train Intercités sur trois.
La direction d'Air France retient son souffle avant la clôture, à 18H00, de la consultation lancée le 26 avril par voie électronique sur son projet d'accord. Il prévoit pour la période 2018-2021 "des augmentations générales de salaire de 7% sur quatre ans, s'ajoutant aux augmentations individuelles".
En annonçant le lancement de ce vote sans valeur juridique, décidé après l'échec des discussions avec les syndicats grévistes, M. Janaillac, 65 ans, PDG du groupe Air France-KLM depuis juillet 2016 et président d'Air France, a averti qu'il quitterait son poste en cas de résultat négatif.
Chaos
Quelle que soit l'issue de la consultation, le conflit ne sera pas réglé pour autant.
"Si le non l'emporte (...) on rentre dans une crise majeure", estime Béatrice Lestic de la CFDT (non gréviste). Et dans le cas contraire, même si la CFDT et la CFE-CGC signent l'accord, il devra être ratifié par un troisième syndicat pour être majoritaire, a-t-elle fait remarquer à l'AFP.
"Cette consultation ne résoudra rien", a lancé vendredi sur RTL le président du syndicat de pilotes majoritaire (SNPL), Philippe Evain. "On promet le chaos aux salariés en cas de non" dans le but "d'influencer le scrutin", selon lui.
L'intersyndicale réunissant organisations de pilotes (SNPL, Spaf, Alter), d'hôtesses et stewards (SNPNC, Unsa-PNC, CFTC, SNGAF) et de personnels au sol (CGT, FO et SUD), réclame sa "part du gâteau" après les résultats solides enregistrés par le groupe en 2017.
Elle demande 5,1% d'augmentation en deux temps en 2018 (+3,8% en avril et +1,3% en octobre) au titre d'un "rattrapage" nécessaire, après six ans de gel des grilles salariales.
La direction considère ces revendications comme une remise en cause des efforts déployés ces dernières années pour rattraper le retard de compétitivité de la compagnie, toujours confrontée à une très forte concurrence des compagnies du Golfe, mais aussi en Europe avec des compagnies low-cost agressives.
Avec une marge d'exploitation (un des critères de rentabilité du groupe aérien) de 555 millions d'euros, contre 910 millions pour KLM, la compagnie se situe "encore loin derrière beaucoup de ses compétiteurs", selon la direction.
Nommé à la tête du groupe franco-néerlandais après une période de forts remous au sein d'Air France, entre la grève des pilotes de 2014 et l'épisode de la "chemise arrachée" en 2015, M. Janaillac avait présenté dès novembre 2016 "Trust Together" (la confiance ensemble), un plan de reconquête contenant pour mesure-phare la création d'une nouvelle compagnie à coûts réduits. Celle-ci a pris son envol un an plus tard sous le nom de Joon.
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