"Une occupation a eu lieu à l'issue d'un colloque qui s'est tenu mercredi soir autour de l'actualité de l'université. L'école est fermée aujourd'hui", a expliqué une porte-parole de l'établissement, créé sous la révolution et installé en plein quartier latin.
Sur la porte de l'Ecole normale supérieure, qui a eu parmi ses étudiants les philosophes Henri Bergson, Jean-Paul Sartre ou encore Michel Foucault, était accroché un panneau indiquant "toutes les activités sont annulées", a constaté une journaliste de l'AFP.
Le directeur de l'Ecole, Marc Mézard, a demandé aux étudiants logés au sein du 45 rue d'Ulm de déménager s'ils en ont la possibilité, car "la sécurité des étudiants" ne peut pas être "totalement" garantie. "Toutes les activités de l'école aujourd'hui sont annulées", a-t-il ajouté dans un mail envoyé aux étudiants.
Le Premier ministre Edouard Philippe, en déplacement dans le Cher, a qualifié d'"assez savoureux" ce mouvement de protestation au sein de l'ENS.
"J'observe que l'Ecole normale supérieure formule une inquiétude sur le caractère sélectif de l'enseignement supérieur. C'est assez savoureux quand on sait le caractère extrêmement sélectif de l'Ecole normale supérieure", a-t-il déclaré. "Mais c'est comme ça et je le prends avec énormément d'intérêt et beaucoup d'attention".
Sur son site internet, l'ENS se présente comme une "grande école par son recrutement sélectif" et une "université de formation par la recherche". Elle est "un établissement singulier qui joue un rôle central depuis plus de deux siècles dans la formation des élites françaises", précise-t-elle. Elle accueille près de 2.400 étudiants, dans des disciplines littéraires et scientifiques.
Monument aux morts tagué
Le colloque de mercredi soir a réuni quelque 500 personnes, selon des participants, en présence de l'économiste et intellectuel Frédéric Lordon, et de Julien Coupat, membre le plus connu du groupe libertaire de Tarnac, relaxé fin avril pour le sabotage d'une ligne SNCF.
Quelques dizaines de personnes, des étudiants, d'anciens étudiants et des éléments extérieurs à l'Ecole ont passé la nuit à l'intérieur de l'établissement, ont raconté à l'AFP des étudiants.
Des CRS sont arrivés jeudi en milieu de matinée et ont bloqué tous les accès à la portion de la rue d'Ulm où se trouve l'ENS, ainsi que l'entrée de l'établissement. Les personnes présentes dans la rue, dont les journalistes, ont été priées de quitter les lieux.
Selon des étudiants qui étaient dans l'Ecole avant que les entrées ne soient bloquées et ont pris des photos, des couloirs et le monument aux morts ont été tagués et des portes forcées. "Les graffitis sur le monument aux morts n'ont pas fait l'unanimité", a déclaré l'un d'eux, sans souhaiter donner son nom. "A nos morts tués par votre police", proclame un des tags écrits en travers de la liste des Normaliens morts à la guerre.
Autre établissement prestigieux, l'EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales), a vu elle aussi un de ses sites parisiens occupé, boulevard Raspail, par des opposants à la loi sur les nouvelles modalités d'accès à l'université, dite loi ORE ou loi Vidal.
L'occupation, qui a démarré en début de semaine, est "pacifique, sans dégradation ni violence", a indiqué à l'AFP la communication de l'EHESS. Les séminaires sont annulés ou déplacés, a-t-on ajouté, rappelant que les étudiants de cet établissement sont des doctorants, avec peu de cours en amphi.
A l'heure actuelle, trois universités sur 73 sont bloquées (Jean-Jaurès à Toulouse, Rennes-2 et Nanterre), ainsi que quelques sites sur les universités de Limoges, Nantes, Marseille par exemple.
Au plus fort du mouvement, on comptait une quinzaine de sites occupés. La plupart des facultés sont actuellement en période d'examens.
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