L'idée même, poussée par une poignée d'élus républicains, fait bondir ses détracteurs aux Etats-Unis et au-delà.
Et laisse nombre d'observateurs sans voix tant ce débat apparaît prématuré.
Reste que cette petite musique est douce aux oreilles de l'homme d'affaires septuagénaire, arrivé au pouvoir sans la moindre expérience politique, militaire ou diplomatique et dont la soif de reconnaissance n'est plus à démontrer.
"C'est très gentil, merci. C'est très gentil", a-t-il répondu samedi, tout sourire, à ses partisans dans le Michigan qui scandaient "No-bel! No-bel!". "Je veux juste faire le boulot", a-t-il ajouté, non sans avoir prononcé lui-même, ravi, le mot "Nobel", comme pour mieux le savourer.
"C'était très généreux de sa part de faire cette déclaration", a-t-il lancé mardi, depuis le Bureau ovale, évoquant les propos du président sud-coréen Moon Jae-in qui a laissé entendre que le locataire de la Maison Blanche pouvait avoir la prestigieuse récompense à sa place. "Le principal est d'y arriver", a-t-il aussi ajouté.
L'ouverture enregistrée sur la péninsule coréenne, l'approche d'un sommet entre Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, et l'hypothèse d'une éventuelle dénucléarisation - sur laquelle tout reste à faire - nourrissent de fait l'espoir d'un tournant historique dans cette partie du monde.
Mais aussi spectaculaires que soient les images et les symboles, nombre d'analystes soulignent qu'il est tôt, très tôt, trop tôt, pour spéculer sur l'issue des négociations en cours avec le régime dirigé d'une main de fer par la dynastie des Kim depuis près de 70 ans.
"Surréaliste"
Pour Aaron David Miller, ancien diplomate et négociateur dans plusieurs administrations démocrates comme républicaines, les discussions sur l'attribution du prix Nobel à Donald Trump ont un côté "surréaliste" tant elles sont prématurées.
Mais "si la diplomatie va dans la bon sens", c'est un scénario "concevable", explique-t-il à l'AFP.
Sur le fond, ces spéculations renvoient au débat - passionné - sur le rôle exact du président américain dans l'ouverture diplomatique en cours.
Des deux côtés, les raisonnements sont poussés jusqu'à l'absurde: soit en affirmant que le président des Etats-Unis Trump n'a joué aucun rôle dans ce qui ce se passe sur la péninsule coréenne, soit en lui attribuant absolument tous les mérites de l'évolution en cours.
Au-delà d'un climat politique dans lequel "il est devenu quasiment impossible pour un parti de saluer les succès d'un autre", la personnalité de Trump, et "son incapacité à penser en termes de +nous+ plutôt que +je+", renforce encore les antagonismes, relève Aaron David Miller.
"L'aversion des démocrates à l'idée qu'il se voit attribuer le Nobel est étroitement mêlée à leur aversion pour lui", souligne-t-il.
Pour les fervents partisans de Donald Trump, le sommet historique à venir, totalement inimaginable il y a quelques mois, est la preuve que ce président au style volontiers abrupt peut casser les codes, faire bouger les lignes, réussir là où tous ses prédécesseurs ont échoué.
Un groupe d'une vingtaine d'élus républicains a adressé mercredi un courrier au comité norvégien du Nobel, lui demandant d'examiner le cas de Donald Trump pour 2019 en reconnaissance de "son travail sans relâche pour apporter la paix dans le monde".
Pour ses farouches opposants, à l'inverse, les actes de sa jeune présidence, sa remise en cause de nombre de piliers du multilatérisme, mais aussi ses mots, son style, ses diatribes, devraient le disqualifier par avance dans la course au Nobel.
Roosevelt, Wilson, Carter et Obama
L'attribution du célèbre prix à son prédécesseur démocrate, Barack Obama, quelques mois seulement après sa prise de fonctions, avait suscité la surprise, et de vives réactions.
"Je suis au début, et non à la fin, de mes travaux sur la scène mondiale": lançait-il le 10 décembre 2009 à Oslo, reconnaissant d'entrée "la controverse considérable" suscitée par cette récompense surprenante à l'aube de son premier mandat.
Au-delà de Barack Obama, trois autres présidents américains ont déjà reçu le prestigieux prix: Theodore Roosevelt, Woodrow Wilson et Jimmy Carter.
Dans l'attente du sommet Trump-Kim, et des tractations diplomatiques - longues et difficiles - qui s'annoncent, certains optent pour l'humour.
Dans le Washington Post, l'éditorialiste Dana Milbank s'est amusé à imaginer le discours d'acceptation de Donald Trump, le 10 décembre 2018 à Oslo, reprenant ses tics de langage.
"Ceux qui me détestent et qui mentent disent que je ne mérite pas cette récompense. (...) Faux! J'ai été vraiment très intelligent quand j'ai fait la paix avec Rocket Man. En le traitant de petit et gros et en disant que je le détruirais complètement par le feu et le colère avec mon gros bouton nucléaire, je l'ai forcé à négocier".
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