Saisie par le syndicat UNI et quatre étudiants, la juridiction administrative de Toulouse a ordonné à l'administrateur provisoire de l'université "de faire usage de son pouvoir de police administrative" afin de "faire libérer l'accès à l'ensemble des locaux universitaires sur le site du Mirail et de faire procéder à l'évacuation de deux bâtiments occupés illégalement".
Richard Laganier, l'administrateur provisoire nommé à la mi-mars par la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal en raison du blocage, avait estimé à l'audience du 26 avril que "l'urgence n'était pas établie".
Ce n'est pas l'avis du tribunal administratif qui, dans son ordonnance, considère au contraire que "la mesure sollicitée par les requérants présente un caractère d'urgence et d'utilité". "La situation de blocage et d'occupation", en vigueur depuis le 6 mars, "est constitutive de troubles à l'ordre public et porte atteinte au droit à l'éducation, au droit d'accès au service public de l'enseignement supérieur et à la liberté d'aller et venir", écrit la juridiction dans sa décision.
Dans un communiqué, le tribunal a précisé que l'occupation "avait engendré des dégâts et des détériorations du mobilier et des infrastructures et que l'accès au site de toute personne non gréviste était impossible".
Entre tags et dégradations, les dégâts à l'université sont estimés à quelque 300.000 euros, selon les requérants.
La juridiction ne fixe pas de délai mais demande à ce que le site soit débloqué "à compter de la notification de la présente ordonnance".
"En filigrane de cette décision, il y a la possibilité de recourir au forces de l'ordre pour faire libérer l'université", a déclaré à l'AFP l'avocat de l'UNI, Me Guillaume Brouquières. "Il est indiqué que des mesures doivent être prises dans un délai raisonnable. De notre point de vue, d'ici la fin de semaine serait très bien", a-t-il ajouté. Cependant, "si l'administrateur provisoire ne s'exécute pas dans quelques jours, nous transmettrons l'ordonnance au préfet et à la ministre", a-t-il dit.
Appel à la mobilisation au Mirail
De son côté, SUD éducation 31 a condamné, dans un communiqué, "le recours aux forces de l'ordre pour faire évacuer les universités en lutte, pour intimider, tabasser et arrêter lycéen-e-s et personnels du Mirail dans leur combat pour une université accessible à toutes et tous".
Le mouvement Solidaires étudiants Toulouse a appelé à la mobilisation jeudi soir "pour montrer que le Mirail n'est pas seul", "à l'heure où le gouvernement envoie les flics vider les universités et réprimer les manifestant-e-s".
Il n'a pas été possible de joindre immédiatement l'administrateur provisoire.
La juridiction a également condamné l'université à verser la somme de 800 euros aux requérants, pour la prise en charge de leurs frais de justice.
Cette décision intervient à la veille d'une nouvelle assemblée générale à l'université Jean-Jaurès (lettres et sciences humaines) prévue jeudi à 10H00.
Parmi les premières à se mobiliser contre la réforme de l'accès à l'université, la faculté est en grève depuis mi-décembre. Sur onze bâtiments, deux sont occupés depuis le 6 mars. Tables et chaises bloquent les accès aux salles et amphithéâtres.
Il reste à ce jour trois universités bloquées, sur 73 en France, par des étudiants qui accusent la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE) d'introduire une forme de sélection déguisée à l'entrée des universités: Toulouse-2 et Rennes-2, qui ont reconduit le blocage lundi, et Nanterre, dont le blocage a été revoté mercredi après dix jours de vacances.
A Nanterre, un total de 1.444 personnes présentes à l'AG se sont prononcées en faveur du blocage de l'université entièrement paralysée depuis plus de deux semaines, tandis que 351 personnes ont voté contre.
Selon le ministère de l'Enseignement supérieur, d'autres sites sont bloqués à Limoges, Nantes, Marseille, Lyon-2, Paris-8, l'EHESS (à Paris).
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