Dans une lettre datée du 16 avril et publiée par le journal en ligne espagnol eldiario.es, la faction clandestine qui a tué au moins 829 personnes en 43 ans, écrit avoir "décidé de mettre fin à son cycle historique et à sa fonction" et "dissous complètement toutes ses structures".
La publication de cette lettre prend de court l'annonce formelle de la dissolution de l'ETA, attendue sous la forme d'une vidéo qui devrait être diffusée jeudi par la radio télévision britannique BBC.
L'annonce ne satisfait pas les victimes des attentats, qui demandent de l'ETA un vrai repentir et la résolution de 358 crimes encore inexpliqués, et ne réglera pas le sort des prisonniers de l'organisation qui demandent à être incarcérés plus près de leur familles.
D'autant que l'ETA affirme que "Euskal Herria", le territoire dont elle réclame l'indépendance, comprenant le Pays basque espagnol et français et la Navarre, reste "en conflit avec l'Espagne et la France".
"Le conflit n'a pas commencé avec l'ETA et ne se termine pas avec la fin du parcours de l'ETA", affirme-t-elle.
Un haut responsable du gouvernement basque a déclaré à l'AFP que cette lettre n'était pas encore l'annonce définititive de la dissolution de l'organisation clandestine qui a commis de 1968 à 2010 une série d'assassinats, d'attentats à la bombe et d'enlèvements.
"C'est une lettre que l'ETA a envoyée à des personnalités et des organisations qui ont participé il y a sept ans à la déclaration de Aiete", une initiative internationale qui a débouché en octobre 2011 à l'abandon définitif de la violence par l'ETA, a expliqué ce responsable.
Elle est destinée à assurer à ces personnalités, dont l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan et l'ancien dirigeant du Sinn Fein Gerry Adams, "que sa décision de se dissoudre est ferme", a-t-il ajouté.
Les victimes insatisfaites
De leur côté, des représentants des victimes de l'ETA ont exigé qu'elle reconnaisse ses responsabilités, condamne la terreur et cesse de rendre des hommage publics à ses militants.
Dans une conférence de presse à San Sebastian, la ville du Pays basque la plus frappée par les attentats, le Collectif des victimes du terrorisme au Pays basque (COVITE) appuyé par des intellectuels a refusé que l'ETA "remette les compteurs à zéro".
Une pétition, lancée dimanche par une centane d'intellectuels et de victimes, a déjà recueilli plus de 40.000 signatures sur la plateforme change.org.
"La cruelle histoire de l'ETA ne peut pas rester impunie", soutiennent les auteurs de la pétition, qui demande à cette organisation considérée comme terroriste par l'Union européenne de faire la lumière sur ses crimes encore non élucidés.
"Ce n'est pas la fin de l'ETA que nous voulions (...) elle aurait dû être différente", a déclaré la présidente du COVITE, Consuelo Ordoñez.
Le gouvernement espagnol a déjà prévenu qu'il n'était disposé à aucune concession.
"Les membres de l'ETA n'ont rien obtenu pour avoir cessé de tuer, et ils n'obtiendront rien en échange d'une déclaration de ce qu'ils appellent une dissolution (...) Les forces de sécurité espagnoles continueront à poursuivre les terroristes là où ils se trouvent", a déclaré mercredi le ministre de l'Intérieur, Juan Ignacio Zoido.
Les experts estiment à une cinquantaine les membres de l'ETA toujours dans la clandestinité.
Les attentats de l'ETA ont entrainé une "guerre sale" de groupes para-policiers de 1975 à 1987. Le dernier d'entre eux, GAL (Groupes anti-terroristes de libération), a commis 27 assassinats en France de 1983 à 1987. Le scandale une fois dévoilé a conduit deux hauts fonctionnaires espagnols en prison.
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