Le défilé à Paris a été perturbé de bout en bout par de violents heurts commis par environ 1.200 militants radicaux des "black blocs", qui avaient promis "une journée en enfer".
S'il y a eu moins de blessés que l'année dernière, les dégradations d'ordre matériel ont été spectaculaires, avec une trentaine de commerces dégradés, dont deux incendiés, et des véhicules brûlé ou dégradés.
Au total, 109 personnes ont été placées en garde à vue, selon l'entourage du ministre de l'Intérieur.
Ces dégradations, condamnées par Emmanuel Macron, ont été vivement critiquées côté politique comme syndical.
A une exception près: Philippe Poutou (NPA) les a justifiées. "Effectivement, ça a chauffé. Mais nous, ce qu'on a envie de dire, c'est que le gouvernement a semé la violence, et il la récolte", a réagi l'ex-candidat à la présidentielle.
Une position que ne partage pas Philippe Martinez, numéro un de la CGT, coorganisatrice de la manifestation avec Solidaires, la FSU et FO-Il-de-France.
La présence des casseurs a "masqué l'objet de cette manifestation, les revendications", a-t-il déploré mercredi sur France Inter. "Derrière ça", le risque est de "remettre en cause le droit de manifester" "au nom de quelques-uns", a-t-il craint, rappelant que "ça fait deux ans que ça dure", en référence aux débordements qui avaient déjà émaillé les cortèges contre la loi travail de 2016.
Des militants interrogés mardi par l'AFP ont également dit leur frustration de voir les violences "décrédibiliser" la manifestation en général, craignant aussi un effet dissuasif.
"Casser une vitrine de McDo n'est pas une activité révolutionnaire", a de son côté réagi Jean-Luc Mélenchon, qui a dénoncé une "confiscation" et une "récupération" du 1er-Mai par "les violents".
"Ceux qui donnent des ordres"
Les projecteurs se sont rapidement tournés vers le ministère de l'Intérieur, et plus précisément la préfecture de police de Paris, avec des interrogations sur la gestion des débordement et des critiques sur la réaction, jugée tardive, des policiers.
Le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a réclamé une commission d'enquête parlementaire, notamment pour faire la lumière sur la "chaîne de commandement": "La question qui est posée aujourd'hui est de savoir pourquoi les forces de l'ordre ont tardé à intervenir", selon lui.
La veille, le président des Républicains, Laurent Wauquiez, avait dénoncé la "faillite de l'Etat régalien", et Marine Le Pen a évoqué "une mansuétude" de la part du gouvernement, voire "une complicité" à l'égard de "ces milices d'extrême gauche".
Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, a défendu mercredi les ordres donnés. Il a expliqué que les forces de l'ordre "ne pouvaient pas intervenir" pour stopper les violences en marge du défilé "sans craindre de faire des dégâts collatéraux".
Mardi, il y avait un cortège syndical (20.000 personnes selon la police) et un autre, de 14.500 personnes, composé de militants libertaires et d'ultragauche, dont les 1.200 "black blocs".
Les dégradations se sont produites "tout à fait indépendamment du cortège syndical classique et pacifique", a insisté le préfet de police de Paris. Il a rappelé avoir invité les syndicats à changer d'itinéraire lorsque les premières violences ont éclaté, ce qu'ils ont fait.
"Nous voulions éviter à la fois parmi les manifestants mais aussi parmi les forces de l'ordre qu'il y ait des blessés voire des morts", avait expliqué la veille le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.
Des justifications que n'entend pas Philippe Martinez, qui a invité le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris à donner "d'autres explications".
Les agents de police ne sont pas à "incriminer", a-t-il déclaré, mais "ceux qui donnent des ordres, des contre-ordres, ou ceux qui ne donnent pas d'ordre du tout".
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