C'est sur Canal+, France 2 et France Inter que cet ex-consultant natif de Normandie a pu d'abord démontrer l'étendue de son talent comique. Après un premier one-man-show en 2010 dans lequel il parodie les techniques de consulting, il se glisse à nouveau dans la peau de ce personnage flegmatique et pédant : se caricaturant lui-même pour asséner ses théories radicales sur des sujets de société. Dans ce nouveau spectacle qui s'annonce croustillant et délicieusement absurde, Chris Esquerre s'amuse à déstabiliser son public. L'humoriste répond à nos questions.
Vous êtes né à Rouen, quels souvenirs avez-vous de la ville ?
"Je suis né à Rouen en 1975 et j'ai vécu à St Pierre-de-Manneville, à Bois-Guillaume et à Mont-Saint-Aignan une bonne partie de ma jeunesse jusqu'à la classe de 4e. J'ai gardé beaucoup de nostalgie pour Rouen, et quand j'y reviens j'ai toujours le plaisir de refaire les parcours de mon enfance : de prendre le bac à la Bouille, de remonter la route de Canteleu par la forêt et d'observer les silos en face de Dieppedalle. J'y garde des souvenirs d'une période d'insouciance : des balades en forêt de Roumare, des réglisses achetés en ville et du bruit amusant des bus rouennais au démarrage. J'ai eu la chance d'inaugurer ce deuxième one-man-show en 2016 à l'ECFM de Canteleu et aujourd'hui même si ma famille n'est plus à Rouen, quand j'y reviens j'ai toujours l'impression d'y être un peu en vacances."
Comment passe-t-on de la radio à la scène ?
"Il y a d'abord eu une première transition spectaculaire dans ma carrière professionnelle : j'étais consultant puis j'ai décidé de quitter ce travail sérieux, de franchir le pas et je suis devenu chroniqueur à la radio. En 2010 j'avais peur de me lasser de la chronique et je me suis lancée sur scène en complément car j'avais besoin de me renouveler, de chercher de nouvelles idées, de m'imposer un nouvel exercice et un nouveau défi. Au début la scène me faisait vraiment peur : j'avais énormément de trac et puis je craignais de finir par répéter constamment les mêmes choses comme mes parents qui étaient professeurs tous les deux. Mais quand on fait le métier d'humoriste il est normal de se frotter à la scène. Alors je me suis lancé avec mon premier one-man-show présenté à Avignon dans lequel, toutefois, je m'appuyais sur mes chroniques passées pour me rassurer."
Comment vaincre le trac ?
"Lorsque j'ai commencé à travailler pour la radio je faisais des magnétos pour France Bleu : ce n'était pas du direct et c'était un avantage. Mais il m'a fallu ensuite passer le cap avec mes premières chroniques en direct sur Radio Nova. Au début, tétanisé par le trac, je prenais un Ricard juste avant l'émission hebdomadaire pour me détendre. Il m'a fallu un an pour parvenir à me passer de ce petit apéro avant de prendre l'antenne. Puis je suis parvenu à surmonter ce trac à force d'habitude, à l'apprivoiser. Heureusement plus besoin d'alcool aujourd'hui !"
Comment votre style a évolué depuis le premier one-man-show ?
"Avec le nouveau spectacle je prends plus de risques et plus de liberté. J'ai fait mes preuves en tant qu'humoriste avec le premier, dans le second je cherche d'avantage à déstabiliser mon auditoire. Je n'ai plus à prouver ma légitimité en tant qu'humoriste et je m'amuse davantage. Ce nouveau spectacle baptisé 'Sur rendez-vous' est plus audacieux même si en ce qui concerne le style, je creuse toujours le même sillon. Je m'accorde plus de temps pour les silences, le rythme est différent, et même si on rit beaucoup ce n'est pas toujours drôle car j'ai plaisir à désarçonner mes spectateurs presque autant qu'à les faire rire. J'aime beaucoup quand les spectateurs me remercient en me disant que le spectacle ne ressemble à rien d'autre. Ce qui le distingue surtout de ce qui se fait actuellement c'est sa forme originale. Je parodie toujours un peu les discours d'entreprise en évoquant des thèmes de société : la vieillesse, l'argent de poche, la mémoire ou des thèmes plus inattendus comme le grille-pain !"
Quel est votre personnage sur scène ?
"C'est un type très sûr de lui qui assène des théories loufoques sans se rendre compte qu'il est ridicule : c'est ce trait de caractère qui le rend drôle indépendamment du texte. Ce n'est pas un personnage inventé mais c'est une caricature de moi-même. J'ai accentué tout ce qui pourrait être grotesque en moi et j'ai mis en avant tout ce que l'on cherche à gommer en soi : en particulier mes certitudes et mon aplomb. C'est un humour pince-sans-rire. J'adore dire des énormités en ayant l'air de me prendre au sérieux. Ce personnage fait encore un peu écho à mon activité de consultant."
Pratique. Samedi 5 mai à 18 h 30 et 21 heures au Théâtre à l'Ouest à Rouen. 27 €. billetweb.fr
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